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Genève, vers une économie du partage

05 Déc 2019
m3 MAGAZINE

Des initiatives genevoises pour repenser nos habitudes

Partager et mettre en commun au lieu de posséder ; l’accès plu-tôt que la propriété ; le réseau plutôt que le marché ! L’économie collaborative se base sur l’ « usage partagé » ou l’échange entre particuliers de biens, services, espaces et compétences, avec ou sans échange monétaire. L’ensemble des initiatives de ce dos-sier proposent diverses manières de créer du lien social. Parta-ger son bureau ou sa voiture, acheter ses légumes directement au producteur, voyager en covoiturage, mutualiser les espaces de vie et les objets… Certaines initiatives réussissent même à associer participation citoyenne, solidarité sociale, responsabi-lité environnementale et efficience économique.

Texte : Nicole Martinez & Julie Des Essanges

Coworking, des espaces de travail au croisement de l’échange et de l’innovation

L’explosion des espaces coworking à Genève est incontestable. Bien plus que des bureaux partagés, le coworking offre de belles opportunités aux professionnels genevois de collaborer et mutualiser leurs compétences. Voisins, Impact Hub Geneva et GOWO rassemblent startups, freelances, entre-preneurs, artistes et professionnels du développement sous le même toit, favorisant ainsi les échanges et la créativité. Au cœur de Plainpalais (8 rue des Voisins), le coworking café Voisins s’efforce de répondre aux nouveaux besoins des travail-leurs genevois. Pour cela, il met à disposition des espaces de travail partagés, des salles à louer, un café et un agenda riche en événements networking.

Le réseau IMPACT HUB Geneva, situé au quartier des Grottes (1 Rue Fendt) soutient, lui, le développement d’une communauté internationale de coworking, de conseil et d’innovation sociale. Il héberge également des entreprises telles que Flowminder qui regroupe les don-nées de géolocalisation des téléphones mobiles afin de réaliser des cartes de déplacement de population utilisées pour l’aide humanitaire et l’aide au développement ; Antistatique, une agence web qui propose des services de maintenance pour les plateformes web, vidéo et photographie ; et FabLab Onl’Fait, une organisation qui fournit à ses utilisateurs les ressources techniques et technologiques nécessaires pour la conception. En effet, ces nouvelles formes de travail attirent de plus en plus les entreprises qui souhaitent être plus flexibles et rationaliser leurs coûts. La plateforme numérique GOWO offre un accompagnement outillé sur mesure pour trouver les espaces coworking les plus adaptés aux besoins de chaque entreprise sur l’agglomération genevoise. Une manière égale-ment de contribuer à un meilleur équilibre vie professionnelle – vie privée des individus en rationalisant les déplacements.

Les nouvelles générations pénétrant le marché du travail sont à la recherche d’un cadre de travail agréable et esthétique, propices aux rencontres et à l’inspiration. Il y a définitivement un lien de cause à effet : le nombre croissant d’indépendants et la flexibilité de certaines entreprises abattent les murs qu’il y a pu avoir auparavant entre industries et taille d’entreprise. Il faut quand même souligner qu’espace de coworking ne veut pas nécessairement dire espace de travail collaboratif. Cependant, c’est aux opérateurs des coworking de nourrir et pro-mouvoir ces échanges entre membres.

Genève est un hub international où mixité et diversité rencontrent des années de tradition dans l’humanitaire, l’entraide et la médiation. Cependant, les nouveaux concepts prennent plus de temps à être adoptés en Suisse qu’ailleurs. À Genève, on s’inspire des grandes métropoles (par exemple  : Amsterdam, Londres, Berlin)  ; on voit ce qui fonctionne et on peut éviter ainsi de refaire les mêmes erreurs. Ce qui est sûr c’est que le monde de la location de bureaux est en plein chamboulement. Les entreprises ont de plus en plus besoin de flexibilité mais aussi de confort pour pou-voir se concentrer sur leurs activités. Ne plus avoir à gérer la logistique de la fonction bureaux est donc un point qui joue en faveur des espaces de coworking, à l’in-verse de la location classique.

Offrir des services tels que les nôtres nous permet d’être au cœur de l’innovation entrepreneuriale. Nous côtoyons tous les jours des gens captivants, porteurs de projets, créateurs et preneurs de risques. Les voir évoluer et collaborer mais aussi contribuer à leur réussite est quelque chose de très gratifiant qui nous pousse à toujours vouloir faire plus. Les coworkers sont une source de motivation et stimulation tout autant pour la communauté que pour nous, l’équipe Voisins.

L’innovation est au cœur du développe-ment de l’économie collaborative car nous évoluons dans un milieu où les ressources sont limitées et les coûts de la vie et de la main-d’œuvre sont élevés. Ce pouvoir d’innovation est facilité par les rencontres entre professionnels de différentes indus-tries, qui génèrent des synergies et un flot de créativité qui n’auraient pas eu lieu il y a quelques années.

www.voisins.ch

Genève est un carrefour historique, riche d’un brassage de population internationale qui a donné une grande diversité d’entre-prises. Ce tissu entrepreneurial est un terreau idéal pour l’implantation d’incubateurs qui soutiennent à leur tour l’innovation. Certaines initiatives sont particulièrement engagées, citons notamment Impact Hub Network ou APRÈS-GE qui soutiennent les projets d’économie sociale et solidaire. Ces dix dernières années, les incubateurs d’entreprises, souvent associés à des espaces collaboratifs, ont également contribué au développement d’une offre de tiers lieux, ce qui renforce d’autant plus l’attractivité du territoire. La présence d’organisations internationales et la position frontalière de Genève permettent à certains projets de bénéficier d’une dimension internationale dès leur création et d’avoir un potentiel d’impact plus important.

À Genève, les espaces de cowkorking restent majoritairement en centre-ville, là où la de-mande initiale, issue des start-uper et des freelances, est la plus soutenue. Pour autant les perspectives offertes par ces lieux de travail partagés sont nombreuses. Ils sont notamment une réponse à la rationalisation de la mobilité qui est un enjeu fort pour l’avenir. Il y a, en effet, un réel besoin de développer l’offre de périphérie afin d’apaiser la circulation dans l’agglomération. Un seul jour par semaine de télétravail, à domicile où en espace de coworking, permettrait une réduction des déplacements de l’ordre de 6% ! Un grand pas en avant vers la suppression des difficultés de circulation liées aux déplacements pendulaires, sachant qu’il suffirait d’atteindre 10 à 15% de déplacement en moins pour supprimer totalement ces difficultés.

GOWO est le maillon nécessaire entre les espaces de travail, les collaborateurs et les entreprises qui souhaitent proposer de nouveaux cadres de travail, optimiser leur organisation et réduire leur impact environnemental. Pour-quoi ? Car la vitesse à laquelle les usages et l’offre se développent fait qu’il est très difficile pour une organisation d’identifier les meilleures opportunités en temps réel. C’est ce que nous faisons ! Nous contribuons à la visibilité d’une offre qui existe mais qui reste malgré tout mal connue, notamment de la part des managers et décideurs en entreprise. Notre connaissance du marché nous permet de proposer les lieux de travail les plus adaptés à la culture et aux attentes de chaque organisation. »

www.gowo.network

L’échange B2B inter-entreprises de ressources inutilisées

Locaux sous occupés, matériel sous utilisé, compétences et services disponibles une partie du temps. Voilà la réalité dans de nombreuses entreprises ! Non utilisées, les ressources ne rapportent rien mais mises à disposition sur une plateforme en ligne, elles peuvent être utilisées par d’autres entreprises à moindre coût et être ainsi valorisées. C’est le pari de la startup B2B Cherry et de sa plateforme digitale mettant en relation les entreprises entre elles afin qu’elles puissent par-tager, à moindres frais, les ressources qu’elles n’utilisent pas à 100% : services, compétences, locaux, mobilier de bureau, places de parking, espaces de stockage ou véhicules. Aucun argent n’est échangé sur la plateforme : les ressources par-tagées sont évaluées en points, appelés « Cherry Coins ». En partageant leurs ressources, les entreprises récoltent des Cherry Coins qu’elles peuvent ensuite utiliser pour bénéficier ponctuellement d’autres ressources. Actif depuis juin 2019, le modèle B2B Cherry a déjà séduit une centaine d’entreprises de l’arc lémanique, actives dans la finance, la construction, l’architecture, l’événementiel, la culture, la santé ou le social.

Genève est une ville innovante et cosmopolite qui intègre le digital aux solutions permettant d’inscrire son système économique dans une perspective de développement durable. Une ville qui encourage la mobilité douce, les projets d’efficacité énergétique des bâtiments, le co-working, le co-voiturage, le crowfunding, etc. Ces atouts lui permettent d’accueillir et de développer de nouveaux modèles socio-économiques tels que l’économie de partage.

Le partage de ressources entre entreprises fera partie de l’avenir des sociétés genevoises. Lors de creux ou de pics d’activité, il sera commun et évident d’utiliser les ressources ponctuellement et à moindre coût plutôt que d’acquérir. Il sera normal de ne pas gaspiller, normal de partager, de ne pas dépenser inutilement afin d’avoir plus de trésorerie pour les « bons investissements ». Ce modèle existe déjà, notamment dans les petites régions à fort esprit collaboratif  : on se rend service ; on fait du troc ; on échange. Mais à petite échelle et pas forcément de manière contractualisée ou assurée.

B2B Cherry offre une solution économique à travers un outil digital permettant de mutualiser et ainsi d’économiser et de valoriser ce qui ne l’était pas. Les grandes entreprises ont plutôt du matériel et des locaux à mettre à disposition et les plus petites, des compétences. Cela répond aux besoins ponctuels de part et d’autre. Il n’y a plus qu’à enrichir cette base de données afin qu’elle soit riche et variée. Il s’agit également d’une solution écologique car elle permet – en optimisant et réutilisant – de limiter la sur-consommation des entreprises qui agissent ainsi en faveur de l’environnement. Plus un produit est utilisé et réutilisé dans le temps, plus les besoins des consommateurs iront vers la longévité, plus les fabricants adapteront leurs productions dans ce sens et augmenteront la durée de vie des produits. »

www.b2bcherry.com

La mobilité partagée

Diverses initiatives genevoises réussissent à rendre compatible la mobilité et le partage. Leur objectif : réduire le coût de nos déplacements en ressources et en énergie tout en misant sur l’utilisation partagée des véhicules. La Mobility Société Coopérative est le principal prestataire de services du pays dans le domaine de la mobilité partagée. Sa mission est de fluidifier la circulation à Genève et de réduire la consommation énergétique en diminuant le nombre de voitures personnelles. Pour cela, Mobility propose trois services de car-sharing, disponibles en libre-service 24 heures sur 24 : Mobility Return – le car sharing classique avec emplacements fixes ; Mobility One-Way pour des déplacements d’un point A à un point B ; Mobility Go – le car sharing en free-floating, permettant de trouver un véhicule via son smartphone, d’en prendre le volant sans réservation préalable et de le laisser ensuite à peu près n’importe où.

Depuis 2008, les rues de Genève voient circuler des vélos-cargos électriques mis à disposition sur la plate-forme de partage Carvelo2Go, dont l’objectif est de soutenir une nouvelle forme de mobilité durable fondée sur le partage. Cette initiative est le résultat d’une collaboration entre l’Académie de la mobilité, basée à Berne, et le Fonds de soutien Engagement Migros. Carvelo2Go permet la location de vélos-cargos électriques pour faire ses courses, transporter du matériel ou emmener ses enfants en balade ! Le vélo-cargo électrique représente un moyen de transport efficace permettant de transporter jusqu’à 100 kg sur une distance de 50 à 60 km, sans produire d’émission de CO2 et tout en réduisant les coûts de mobilité. Cette initiative permet, à la fois, de réduire le trafic et de promouvoir l’interaction sociale dans les quartiers en soutenant l’économie locale, plus précisé-ment les marchands de vélos et les « hôtes » des vélos-cargos. La plateforme compte aujourd’hui 17 000 utilisateurs inscrits et 300 vélos-cargos répartis sur 70 villes et communes suisses.

« Genève offre la possibilité de rester mobile à tout moment même sans posséder de voiture privée. De nombreuses offres de mobilité partagée voient le jour afin de fluidifier le trafic routier, de diminuer le nombre de voitures personnelles et d’optimiser les trans-ports. De même, le réseau pour les cyclistes et la mobilité douce s’étendent avec la Voie verte et le Léman Express. Mobility offre la possibilité aux Genevois d’avoir la voiture de leur choix au moment où ils en ont besoin de manière spontanée ou en réservant à l’avance, tout en restant flexible et mobile. Nous souhaitons que les générations de demain comme celles d’aujourd’hui puissent être mobiles en toute liberté, dans un monde viable et convivial. Nous combinons les atouts des transports publics et du transport individuel. En outre, l’utilisation de l’un de nos véhicules se traduit par une dizaine de voitures privées en moins sur les routes. Notre responsabilité sociale se reflète dans l’impact positif et écologique de nos services. »

www.mobility.ch

Une autre plateforme genevoise mise sur la mobilité partagée des particuliers et entreprises avec la particularité que ces derniers sont conduits dans le confort de leurs propres véhicules ! En effet, BeMyDriver met en relation des chauffeurs professionnels (sans véhicule) avec des particuliers ou des entreprises. Sur la plateforme il est possible d’engager un chauffeur privé, rémunéré à l’heure, pour les déplacements de ses clients, une virée shopping, une excursion familiale, optimiser sa sortie soirée, amener sa voiture au garage/service des autos, se déplacer après un retrait de permis, etc.

bemydriver.com

Partage d’objets réutilisables voués à être jetés

Pourquoi jeter quand on peut réparer et réutiliser ? Pourquoi acheter quand on peut emprunter ? Ces deux dernières années, le quartier de la Jonction a vu émerger de nouvelles initiatives visant le partage et la mise en communauté d’objets dans un but social et écologique. Le principe : mettre en commun ou donner un nouvel usage aux objets pour ainsi favoriser le lien social mais aussi, à terme, réduire la quantité de déchets produits. Située au 18 rue du Vélodrome, La Manivelle fonctionne comme une bibliothèque dont les membres peuvent emprunter pour une semaine une large gamme d’outillage et de matériel. Basée sur des valeurs de sobriété, d’entraide et de respect de l’environnement, la coopérative vise à réduire la consommation et créer une communauté citoyenne. Pour emprunter des objets, il faut acheter, pour 100 francs, une part sociale de la coopérative. Les 500 objets et outils proviennent essentiellement de dons de particuliers et sont partagés par les 190 membres de la communauté !

De bonne qualité et souvent en bon état, les matériaux finissent souvent leur vie dans un incinérateur. Grâce au « réemploi », on peut prolonger le cycle de vie des objets en leur donnant un nouvel usage ! C’est ce que défend l’as-sociation Materiuum qui a pour but de collecter, valoriser et revendre, à prix réduits, les matériaux de seconde main, issus du secteur culturel et des entreprises du canton de Genève. Cette ressourcerie de matériaux réutilisables, voués à être jetés, est le fruit d’une prise de conscience écologique : le milieu culturel genevois génère un gaspillage de matières premières considérable. Bricoleurs, designers, architectes ou créateurs peuvent désormais trouver au 2 Rue du Vélodrome tout type de matériaux bruts, éléments de construction et produits manufacturés : bois, visserie, textile, planches, panneaux, tubes métalliques. Une boutique en ligne permet également de faire ses emplettes, on vient ensuite chercher les matériaux à la ressourcerie.

« Nous achetons et stockons des objets que l’on utilise si peu… c’est incompréhensible si l’on considère l’efficience de l’ « investissement  » que représentent ces achats. Le partage d’objets n’est pas une simple lubie d’écolo-bobo-hippie mais une pratique nécessaire pour réduire notre empreinte écologique. Le partage d’objets peut nous permettre de diviser par 10, voire par 20, la quantité d’objets consommés, et ainsi la quantité de déchets produits.

De plus, ces déchets sont à la charge des collectivités et donc de nos impôts ! La généralisation des bibliothèques de partage d’objets à Genève permettrait d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages en limitant les dépenses inutiles. Avec La Manivelle, nous souhaitons promouvoir une vraie philosophie sociale qui privilégie le droit d’usage au droit de propriété, l’emprunt à l’achat, pour ainsi favoriser une vie de quartier collaborative et solidaire. La bibliothèque d’objets doit être considérée comme un bien commun. Afin d’encourager ceci, nous sommes en train de développer des «  mini-Manivelles  » dans les communes de Carouge, Vernier et Lancy. Il s’agit également de garantir un service de proximité : les habitants doivent pouvoir venir emprunter les objets à pied ou à vélo.

Les consommateurs genevois deviennent de plus en plus « acteurs » de l’économie locale à travers les diverses coopératives d’habitation, les épiceries participatives et en vrac (Le Nid, la Fève et le Bocal Local), la ressourcerie Materiuum, le Grand Atelier, entre autres. Genève est également un centre favorable à l’innovation grâce à la présence de nombreuses organisations de promotion de entrepreneuriat social, telles que Impact Hub qui a récemment lancé un programme national sur l’économie circulaire. Les collectivités jouent également un rôle essentiel dans la promotion de l’économie collaborative : la Manivelle a, en effet, obtenu le soutien du programme G’innove de la Ville de Genève ainsi que la Bourse cantonale du développe-ment durable 2019. »

www.manivelle.ch

«  À travers Matériuum, nous cherchons à sensibiliser et promouvoir le réemploi des matériaux au sein de différents milieux professionnels, tels que le secteur culturel et le secteur de la construction qui sont de grands consommateurs de matériaux. Alors qu’en Suisse allemande de nombreuses initiatives favorisant le réemploi existent depuis les années 1990, nous somme pionniers en Romandie. Nous essayons également de soutenir la création à Genève en favorisant l’accès de matériaux de seconde main au créateurs, créatifs et constructeurs.

L’association Matériuum c’est également des compétences ! Spécialisés en flux de matières et d’énergie, en design, en développement durable, en pédagogie, en art et en commissariat d’exposition, nous proposons des formations en réemploi aux scolaires ainsi que diverses expertises scientifiques aux maîtres d’ouvrage, responsables d’ex-position, institutions, entreprises et créateurs.

Notre souhait est que la réutilisation des matériaux devienne un réflexe spontané pour tous et supplante progressivement l’achat de matériaux neufs. L’association conduit actuellement, en collaboration avec la plateforme Salza, une étude sur le réemploi des matériaux de construction mandatée par l’Office fédéral de l’environnement. Cette étude permettra d’accorder plus de reconnaissance et de légitimité au réemploi.

Le réemploi des matériaux ne devrait pas être une solution secondaire, un «  plan B  » en cas de budget limité, mais bien un choix économique conscient. Les matériaux je-tés sont souvent en très bon état et de très bonne qualité, donnons-leur la chance de d’avoir un cycle de vie plus long !

Les pouvoirs publics devraient encourager davantage le réemploi dans le cadre des projets de rénovation et de construction. Genève est une ville riche où la question du réemploi ne devrait pas se poser comme une alternative économique bon marché mais comme une opportunité de préserver les matières premières et l’énergie, et de favoriser ainsi une autre économie, plus circulaire, plus humaine. »

www.materiuum.ch

Les « circuits courts », une alimentation participative et de proximité

Les circuits courts fleurissent à Genève et renouvellent la façon dont on se nourrit. Le consommateur devient acteur. Il donne du temps et s’engage à faire vivre une agriculture rentable, durable, locale et sociale. Grâce à l’agriculture contractuelle de proximité, les consommateurs peuvent acheter directement aux producteurs, en réduisant ainsi le nombre d’intermédiaires et les transports. Située à Hermance, la ferme biologique Les Potagers de Gaïa propose des paniers de légumes hebdomadaires vendus sur un marché de vente à la ferme afin de garantir le lien direct entre producteur et consommateur. Consommateurs et producteurs signent un contrat qui les engage mutuellement pour la saison. Ce contrat évite la surproduction et assure un prix rémunérateur au producteurs tout en évitant les intermédiaires. Les clients peuvent ainsi venir chercher leurs paniers à la ferme, visiter les cultures et échanger avec ceux qui produisent ce qu’ils mangent ! De même, les épiceries coopératives encouragent la participation citoyenne, le lien social et la production agricole. Prenons l’exemple de l’épicerie Le Nid qui est à la fois un lieu de sensibilisation, d’échange et de partage autour des enjeux alimentaires. Pour devenir coopérateur, il faut acheter des parts sociales de 40 à 200 CHF selon son statut et donner 2 heures par mois de son temps pour faire fonctionner le magasin (caisse, rangement, communication). Cela donne accès aux magasins, ainsi qu’au processus de décision lors des assemblées générales.

« Le Nid est né de la volonté de huit jeunes de garantir l’accès à une alimentation saine et variée au plus grand nombre. Et ceci tout en garantissant un salaire juste aux agriculteurs locaux. Le modèle économique coopératif et participatif permet ceci ! En limitant les intermédiaires et en soutenant les producteur.trice.s locaux.locales, Le NID contribue au développement d’une agriculture durable, locale et de saison. L’existence du Nid et l’explosion de pro-jets coopératifs à Genève prouvent que la collaboration est un modèle économique viable aussi bien dans le domaine de l’alimentation que de l’immobilier et l’informatique. Toutes ces initiatives bénéficient d’un véritable soutien des institutions. De notre côté, nous appuyons l’émergence d’épiceries participatives dans d’autres quartiers de la ville de Genève. Toujours dans une optique bottom-up, c’est-à-dire en soutenant les citoyens qui souhaiteraient lancer ce type d’initiative dans leur quartier. »

www.lenid.ch

Des produits frais préparés par des artisans locaux et livrés le jour même en voiture électrique. Cette nouvelle plateforme en ligne permet de se procurer des denrées de qualité, genevoises, produites par les meilleurs artisans du canton. À la carte, des fromages de chez Bruant, des poissons de chez Lucas, de la viande de la Boucherie du Palais, des légumes GRTA, des petites graines bio, des bières, des huiles. Préparés à la demande le jour de la commande (avant midi), les produits sont livrés le jour même dans des sacs de jute ou des caisses de bois à l’ancienne afin de réduire les emballages au maximum. Ce concept inédit en flux direct permet d’éliminer le gaspillage de nourriture, de promouvoir les artisans indépendants et de vous servir en un temps record.

2ÈME AU PRIX SUD DE LA STARTUP DURABLE, ORGANISÉ PAR LE TEMPS.

www.magictomato.ch

« Nous nourrissons environ 200 familles sur le canton avec des légumes de haute qualité, cultivés sans aucun produit chimique de synthèse et qui voyagent au maximum 25 km de notre lieu de production à Hermance.

Toutes les récoltes sont vendues selon trois possibilités :
• Panier hebdomadaire de légumes, les clients s’inscrivent pour une saison complète du mois de mai au mois de décembre.
• Vente directe à la ferme sur un marché self-service et self-paiement ouvert 7 jours sur 7. Le client fait son addition lui-même et paie avec l’appoint ou par l’application TWINT.
• La ferme vend également à quelques restaurants engagés qui s’adaptent à sa production de saison : l’Auberge d’Hermance, l’Athénée 4 en vieille ville, le Tablar, Mu Food et Bekind café situés en centre-ville.

L’agriculture contractuelle de proximité à Genève est déjà dotée de nombreux projets sur le canton mais je pense que ceci doit prendre plus d’ampleur. Il existe une véritable demande de la population qui est de plus en plus soucieuse de préserver sa souveraineté alimentaire. »

www.potagersdegaia.ch

Une autre initiative genevoise L’Unique Livraison met à l’honneur la mobilité douce et le zéro déchet, tout en essayant de créer une relation durable et familiale avec les utilisateurs. Ce service de livraison à vélo propose des plats végétariens ou véganes qui sont servis dans des récipients en verre, livrés puis récupérés par un coursier à vélo.

Avec L’Unique Livraison, nous souhaitons proposer un service respectueux des Hommes et de l’environnement tout en suscitant des moments de partage. Je suis heureux de pouvoir véhiculer des valeurs de partage et d’écoresponsabilité par le biais de ma passion pour la cuisine. Et aussi de constater l’engouement des clients pour ce genre d’initiative ! En effet, de plus en plus de personnes veulent repenser leur façon de consommer. Cela me donne beaucoup d’espoir quant à l’avenir de notre planète.

À Genève, la plupart des acteurs économiques ont la volonté de collaborer plutôt que d’être dans une course à la concurrence. Les initiatives collaboratives sont plus propices de se développer dans certains quartiers où la vie communautaire est déjà très forte, tels que les quartiers des Grottes et de la Jonction. Les communes de Lancy et Carouge sont également très impliquées dans l’économie collaborative et essaient de valoriser les initiatives durables et locales. »

Plus d’infos à luniquelivraison@gmail.com

Les coopératives d’habitation

Équitable, convivial et de qualité, l’habitat participatif implique une réflexion sur notre mode de vie urbain dans une optique de transition écologique et sociale. Les coopératives d’habitation impliquent les habitants dans la construction de leur immeuble et la création de lieux de vie durables et solidaires. Créée en 1994, la Codha est une coopérative d’habitation historique qui œuvre pour la création d’un véritable vivre-ensemble à travers l’entraide et la prise de décision collective. Elle rassemble 1 200 logements et 4 000 coopérateurstrices, d’âges et de milieux différents, souhaitant participer ensemble à un projet d’habitat. La Codha défend surtout un autre rapport au logement, basé sur la participation, la convivialité et la solidarité. C’est dans cette perspective qu’un nouveau mode d’habitation intergénérationnel, les clusters, a vu le jour dans l’immeuble d’Artamis, situé dans l’écoquartier de la Jonction. Ces appartements avec chambres et salles de bain privées, disposées autour d’espaces de vie communs, sont partagés par des personnes « senior » et des étudiants ou des familles monoparentales. Étendre l’économie collaborative à l’échelle de tout un quartier, c’est l’objectif du projet d’Écoquartier Les Vergers à Meyrin (rue des Arpenteurs – rue des Coopératives) !

D’ici 2020, 1  350 nouveaux logements et équipements publics seront bâtis à Meyrin de concert avec ses futurs habitants. Près de 3 000 nouveaux habitants et 10 000 m2 de surfaces commerciales occuperont un terrain d’une superficie d’environ 16 hectares. Dans ce futur quartier participatif, tous les coopérateurs s’impliquent dans la conception des logements qu’ils vont habiter et dans lesquels ils investissent des fonds propres. De plus, les activités commerciales et agricoles fonctionneront en synergie : les aliments de première nécessité seront produits, transformés, vendus, consommés et compostés dans le quartier ! La production de la Ferme de la Planche et des artisans sera vendue au marché paysan participatif La Fève et l’Auberge des Vergers proposera des repas entre voisins avec les invendus du marché.

«  La Codha s’efforce de développer des quartiers et des surfaces d’activités qui dé-fendent une dynamique économique fondées sur le partage et l’écologie. L’écoquartier des Verges à Meyrin en est un exemple. Il s’agit d’ailleurs d’une démarche politique extraordinaire car la ville de Meyrin a déci-dé de mettre à disposition des coopératives participatives 600 logements. Les coopératives partenaires de ce projet, dont la Codha, ont initié une réflexion globale, à l’échelle du quartier, sur l’habitat mais aussi l’alimentation et la mobilité. Nous soutenons ainsi financièrement la création de commerces qui correspondent à nos valeurs, comme le Supermarché Participatif Paysan, La Fève. Ce supermarché auto-géré par ses membres, clients et paysans, pro-pose des produits dont on connaît la provenance et la façon dont ils ont été préparés, autrement dit des aliments sains produits par des paysans et artisans locaux !

Au sein de l’Écoquartier Jonction, nous avons créé notre propre système de mobilité partagée, Codhality ! Quatre véhicules sont désormais disponibles en usage partagé afin d’offrir aux coopérateurs-trices une alternative durable à la mobilité individuelle, tout en proposant un système d’autopartage qui soit à la fois performant et économiquement intéressant. Nous essayons ainsi de trouver des solutions pour réduire l’empreinte écologique des coopérateurs-trices, le nombre de véhicules dans le quartier et les places de parking inutiles. »

www.codha.ch

Cet article a été publié dans m3 MAGAZINE, Numéro 8.

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