« Le CICR est au cœur de la Genève internationale. Nous sommes d’ailleurs les seuls, parmi les 42 organisations internationales et les 750 ONG présentes, à avoir le mot « Genève » sur notre logo, et celui-ci représente le rayonnement de Genève dans plus de 100 pays autour de la planète. Cet emblème incarne notre action neutre, impartiale et indépendante. Au sein de la Genève internationale, cette « Genève humanitaire » est très importante car c’est un espace de dialogue, de négociation, un pôle de multilatéralisme, le deuxième en fait. Le premier étant New-York, mais celui-ci a une coloration bien plus politique : son rôle est de résoudre les conflits armés, d’assurer la paix et la sécurité. Genève, c’est avant tout la ville du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme. D’ailleurs, lorsqu’il y a des négociations délicates à mener, c’est ici en Suisse, et plus spécifiquement à Genève, qu’elles se font, en toute discrétion et neutralité. Deux qualités qui sont essentielles en matière de réunions diplomatiques.
Pour résumer le CICR en une phrase, je dirais que c’est le garde-fou pour la dignité humaine en temps de conflit armé. Notre mandat est très clair : il s’agit de réduire la souffrance humaine et d’aider les populations touchées de plein fouet par les conflits armés et autres situations de violence. C’est à travers ce prisme que nous priorisons nos opérations, que nous allouons nos ressources, notre capital humain, et menons nos programmes dans le monde. Le CICR continue malheureusement de croître parce que la majorité des conflits armés ne sont pas solutionnés politiquement.
Sur le terrain, le rôle du CICR ne se limite pas seulement à distribuer de la nourriture ou à soutenir les hôpitaux ; il doit jouer les intermédiaires et également dialoguer avec toutes les parties, tous les groupes du conflit, pour pouvoir traverser les lignes de front afin d’aider les communautés de l’autre côté. C’est pourquoi il est essentiel de maintenir un contact, une confiance permanente avec ces groupes, pour pouvoir assurer la sécurité de nos équipes. Nous faisons littéralement de la diplomatie humanitaire. L’Afghanistan en est un bon exemple : cela fait 30 ans que nous œuvrons là-bas et nous avons toujours maintenu un dialogue permanent avec toutes les parties, y compris les Talibans. Nos équipes ont un dialogue construit avec eux, et nous avons reçu des garanties de sécurité renouvelées. Nos collègues femmes peuvent continuer à travailler dans nos centres de réhabilitation physique, donc les centres orthopédiques, les hôpitaux que nous soutenons, ainsi que dans le cadre de nos programmes d’eau, d’assainissement, etc. Et c’est très important parce que c’est seulement ainsi que l’on peut assurer et honorer notre mandat d’aider les gens en fonction de leurs besoins.
Le CICR a commencé avec Henry Dunant et aujourd’hui cela fait plus de 150 ans qu’il représente l’humanitaire. Nous sommes passés de la chirurgie de guerre au cyberespace. Il est donc évident que nous avons évolué et ajusté nos activités en fonction des besoins et des priorités des communautés d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Nos projets sont plus vastes et touchent désormais à la santé publique et à la médecine légale pour aider à retrouver les personnes disparues notamment, ramener les dépouilles aux familles par exemple. Aujourd’hui, nous effleurons le cyberespace, dans lequel les mêmes règles humanitaires sont applicables. Pour étudier cette problématique, nous avons d’ailleurs créé un bureau de la transformation digitale, qui réfléchit à l’impact du digital sur le futur et sur notre manière de fonctionner. Il est en effet de notre devoir de développer des services différents pour répondre aux besoins des communautés affectées par les conflits. Notre portail Red Safe, qui est en développement actuellement, permettra aux communautés de stocker des données sensibles comme des pièces d’identité, certificats, attestations, etc. dans des situations où la confiance dans les systèmes nationaux est brisée. Le CICR s’est adapté à un environnement changeant en cherchant l’équilibre entre tradition et innovation.
Le CICR aujourd’hui représente à peu près 3000 employés internationaux et 17 000 employés nationaux, le tout dans 100 pays. Et nous continuons de recevoir un grand nombre de demandes de recrutement, car notre mission inspire énormément. Toutefois, travailler au CICR doit être une véritable vocation. Il faut également une très grande motivation pour travailler sur le terrain, avec les risques que cela comporte, même si la sécurité de nos employés prime avant toute autre chose.
Nous disposons d’un budget annuel de 2,4 milliards de francs suisses, et la grande majorité de nos contributions sont étatiques, c’est-à-dire que nos dépenses sur le terrain sont couvertes par les États. C’est une manière pour eux d’exprimer leur soutien aux Conventions de Genève. Pour le reste, les fonds sont des dons privés de la philanthropie traditionnelle, de type corporate ou new financial model, 5 % environ. Cela dit, notre ambition pour 2030, est de diversifier nos sources de financements en élargissant la base des donateurs étatiques, tout en développant nos relations avec les acteurs du développement, et du secteur privé, sans oublier le grand public qui a toujours montré un fort attachement au CICR. En effet, le secteur humanitaire est en pleine mutation : il y a bien plus de concurrence qu’auparavant pour une raison simple : il y a malheureusement plus de personnes dans le monde qui ont besoin de soutien. Le nombre de réfugiés à l’échelle mondiale durant les dix dernières années est passé de 25 à 35 millions de personnes. »
« La Genève internationale présente immédiatement deux visages : celui des organisations multilatérales, et celui qui englobe tout le tissu économique international et multinational. Mais en réalité, il en existe un troisième, plus discret, presque en filigrane, mais qui rend possible les deux autres : ce visage est symbolisé par sa population, d’une diversité culturelle, d’une richesse incroyable, et qui représente tout de même près de 40 % des Genevois. Sans toutes ces différentes strates culturelles, Genève ne serait finalement qu’une petite ville de province. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours été intéressé par cette Genève-là, celle qui donne son véritable sens à tout ce qui y est entrepris, et qui oblige tous les citoyens, mais aussi la classe politique, à se sensibiliser à ce cadeau qui nous a été fait, et qu’il ne faut jamais tenir pour acquis.
La Genève Internationale vit actuellement une période de transition avec de nombreux défis à relever. Nous subissons par exemple une réduction des budgets en raison des dépenses importantes qui ont été réalisées pour tenter de résoudre la crise sanitaire. Cette coupe budgétaire a eu également un impact géopolitique, notamment avec les États-Unis qui ont coupé leur contribution à l’OMS: cette décision a produit un effet domino sur les ONG satellites, non pas les grosses structures, mais les plus petites, qui représentent tout de même 5000 ou 6000 salariés, les menaçant de licenciements massifs, voire de fermeture. Dans ce contexte, la physionomie des ONG est en train de se modifier avec la montée en puissance des ONG chinoises sur le territoire. La pandémie a également changé la manière de travailler. Il semblerait qu’il n’y ait actuellement que 40 % des employés des organisations internationales qui soient « physiquement présents », le reste d’entre eux étant en télétravail. Ces modifications ont eu un impact conséquent sur toutes les entreprises qui dépendent de toutes ces organisations.
Parallèlement nous traversons une véritable crise du multilatéralisme, car le monde est devenu multipolaire. Aujourd’hui les trois grandes puissances se regardent en chiens de faïence: cela faisait au moins 75 ans que l’on n’avait pas vu cela, et ceci explique en partie la tentation de repli sur soi et du protectionnisme ambiant. Autant de symptômes largement amplifiés par l’épidémie de coronavirus, sans parler de la méfiance à l’égard des institutions publiques qui n’a jamais été aussi forte. Cependant je suis convaincu que la transmission et l’éducation restent les meilleurs remèdes en temps de crise. C’est pourquoi nous devons nous préparer toujours plus: par exemple en anticipant les besoins d’information grandissants d’un large public qui souhaite mieux comprendre les enjeux du monde, et se familiariser avec les réponses apportées par le multilatéralisme. C’est la vocation première du projet « Portail des Nations ».
© Eddy Mottaz
« L’architecture des bâtiments internationaux est dans la logique de l’histoire de l’architecture, avec cette restriction typiquement suisse : rien en hauteur. On fait un « palais » pour les nations dans les années vingt car il leur faut un Versailles. La grande bataille commence là : un palais de verre pour Le Corbusier, moderniste, ou un palais de pierres, classique, pour la plupart de ses concurrents. Ni l’un ni l’autre, le concours international n’aboutit pas. Ce sera un mélange, mais plus classique que moderne. L’actuel OMC, qui était le Bureau du Travail en 1927, était aussi un compromis entre le besoin de bureaux et le besoin de pompe. Tous les bâtiments qui suivront seront des compromis, mais d’une nature assez unique : il faut mettre d’accord des architectes, des dirigeants d’organisations, des autorités genevoises et des autorités suisses, qui discutent à la fois d’esthétique, de fonctionnalité et d’argent. La discussion est rude et compliquée. Les œuvres architecturales qui en résultent ne sont pas des « œuvres » au sens de performance, comme on l’entendrait – ou peut-être le voudrait – aujourd’hui. Bien qu’aux yeux de certains historiens de l’architecture, il faille considérer le bâtiment de l’OMS comme une œuvre d’art et la classer comme telle. Même le bâtiment énorme de l’actuel BIT est revisité en ce sens. Si l’on peut dégager une tendance générale, je dirais que la fonctionnalité et l’économie ont généralement pris le pas sur l’originalité esthétique. La tendance s’est inversée avec les bâtiments de l’OMPI, l’organisation la plus riche de la place de Genève qui n’a pas eu à économiser et qui pouvait se payer le luxe de se montrer. Depuis, la Maison de la paix, l’annexe de l’OMC et maintenant la Maison des étudiants de l’IHEID ont été pensées avec un fort souci esthétique, le visuel égalant le fonctionnel en importance. Même le CICR s’y met, après un siècle d’indifférence à l’art architectural. Au final c’est tout un ensemble évolutif qui représente le mieux la Genève internationale, plutôt que l’un ou l’autre de ses bâtiments. Le « Palais » en est certainement l’attrait principal, mais du fait de sa fonction et de son histoire plus que de son architecture. On le modernise, on démolit la barre ratée de 1972, qu’on transfère dans un enfouissement, on lui prépare un « portail » nouveau. C’est qu’on y tient. Il est une marque. Un rendez-vous. J’ai visité un jour la salle des droits de l’homme avec un groupe de touristes belges. Ils demandaient : « Où notre ambassadeur s’assoit-il pendant les séances ? ».
« La grandeur de la Genève internationale, c’est justement de parvenir à regrouper sur un petit territoire un écosystème unique au monde. Sa richesse, c’est la proximité des différents acteurs – locaux autant qu’internationaux, publics autant que privés, – qui rend la ville si particulière. « Il y a 5 continents, et puis il y a Genève », disait Talleyrand. Et finalement cette notion de « Genève internationale » devient si vaste que chaque acteur a la possibilité d’y apporter sa propre définition.
La vocation de la Fondation pour Genève est de réunir et de coordonner les acteurs locaux et internationaux. Chacun ayant à la fois quelque chose à apporter et un bénéfice à retirer de cet écosystème. C’est véritablement ce mariage entre les autorités, les organisations internationales, les ONG et le terreau local qui fait les atouts de Genève, et notamment d’être ce lieu incontournable de dialogue et de décisions sur nombre de grands enjeux internationaux, qu’il s’agisse du commerce mondial, de la propriété intellectuelle ou encore du droit humanitaire. Il est important de le rappeler à ses habitants, mais également à la Suisse elle-même, qui a tout intérêt à voir prospérer et se développer cette Genève internationale.
Nous essayons donc de rallier et rassembler les différents pôles existant à Genève : par le Club Diplomatique pour les diplomates ou encore le Cercle International pour les familles genevoises qui accueillent chez elles des ambassadeurs et des directeurs d’organisations internationales. L’objectif avoué étant que ces personnalités s’y sentent bien accueillies et qu’elles en gardent le meilleur des souvenirs et, qui sait, des liens personnels forts lorsqu’elles seront appelées à quitter Genève pour d’autres missions. N’oublions pas en effet que ce sont aussi ces personnes-là qui deviendront nos « ambassadeurs » à l’étranger : c’est quelque chose de très précieux, et l’occasion de remercier tous les bénévoles qui œuvrent au sein de notre Fondation et qui, par la chaleur et le professionnalisme de leur accueil, transmettent un peu de notre culture dans le monde.
La dimension locale de la mission de notre fondation est d’établir un lien entre le tissu public et privé de la cité. Dans cet esprit, nous avons des objectifs, 17 pour être précis, de développement durable1, qui nous touchent tous de près ou de loin, peu importe le secteur d’activité dans lequel nous exerçons. Ces objectifs représentent un axe de promotion important pour notre Fondation : nous avons ainsi bon espoir de présenter d’ici le printemps prochain, à Genève et dans toute la Romandie, une campagne d’information rappelant ces objectifs.
Un autre axe important de notre activité, plus académique, est la rédaction de bulletins d’information et d’analyse annuels : « L’observatoire de la Fondation pour Genève ». Cette année, nous avons publié un mémoire très documenté sur la réponse apportée par la Genève internationale à la pandémie actuelle. Sa finalité est d’exposer comment Genève pourrait, à son échelle, répondre aux enjeux globaux qui se posent. Aujourd’hui la pandémie, demain les défis climatiques. C’est un travail passionnant et notre objectif est de sensibiliser l’ensemble de la population genevoise à l’ensemble de ces questions. En somme, nous essayons de proposer des idées innovantes pour répondre aux problèmes majeurs de notre société
Genève est un véritable joyau que nous avons poli depuis 45 ans et nous continuons de le faire ; et ce n’est que le début car tous les enjeux n’ont pas encore été abordés. En effet, certaines questions cruciales se posent, par exemple, celle de savoir comment Genève pourra continuer à maintenir le rôle fédérateur qui est le sien envers les acteurs internationaux. Comment aussi continuer à communiquer en toute neutralité, tout en gardant cette ouverture d’esprit si propre à la Genève internationale ? Ma conviction est qu’il faut continuer à mener ces réflexions, mais dans une dynamique différente, de prospective, de transmission et d’information. »
« Beaucoup d’images me viennent en tête à l’évocation de la Genève internationale. Notamment l’image d’une ville de paix et de dialogue. Voyez le récent Sommet États-Unis/Russie : celui-ci exprime assez bien le rôle que peut jouer Genève: un lieu où les grands se rencontrent, pour discuter de grandes questions. Mais aussi pour discuter plus discrètement de solutions aux divers conflits. Cela est peut-être un peu moins visible, mais beaucoup de discussions sur la Syrie, la Libye, et dernièrement sur Chypre, ont lieu chez nous, à Genève, où nous tentons de résoudre des crises entre différents pays. Mais Genève n’est pas seulement une ville de paix et de dialogue, je dirais que c’est aussi et surtout le premier centre de gouvernance mondiale. C’est vraiment là que se négocient, se décident et se mettent sur pied des règlements portant sur des questions qui ont un impact sur la vie des citoyens du monde entier. On ne s’en rend pas toujours compte, mais énormément de sujets très concrets font l’objet de discussions à Genève, et auront des retombées pour tout le monde. Prenons l’exemple d’un téléphone portable : il ne fonctionnerait tout simplement pas sans l’une des organisations internationales siégeant à Genève, l’Union internationale des télécommunications (UIT), qui crée des règles communes et permet, sur le plan technique, les communications entre plusieurs pays. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’emploie à faciliter la vente et l’achat des composantes et des produits finis, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) protège les brevets, qui favorisent l’innovation, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) veille à que les produits ne soient pas dangereux. Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres, mais beaucoup de choses très concrètes font l’objet de discussions ici, à Genève. On dit souvent de Genève qu’elle est le centre opérationnel du système multilatéral international. C’est ici que les choses concrètes se font, avec des conséquences directes sur les gens. Par ailleurs, à Genève, nous avons une chance incroyable, avec un écosystème unique au monde. Dans aucune autre ville on ne peut trouver autant d’acteurs différents sur un si petit territoire : organisations internationales, États représentés par des missions permanentes, une société civile engagée, un secteur privé innovant, un monde académique dynamique : tous ces acteurs travaillent ensemble pour élaborer des solutions aux défis du monde. Rappelons qu’à Genève, nous réunissons plus de 40 organisations internationales et des centaines d’ONG. 180 États sont représentés par une ou plusieurs missions permanentes. Au total, on répertorie 256 Missions, délégations d’États ou d’autres organisations internationales… Le tout réuni sur un tout petit territoire. C’est une grande chance, étant donné que nous sommes de plus en plus confrontés à des défis très complexes, qu’on ne peut plus résoudre seul dans son coin en tant qu’État ou organisation. La coopération entre les différentes composantes de la société est fondamentale. À Genève, cette collaboration est facilitée par cette concentration unique d’acteurs. De ce fait, nous pouvons profiter de pôles de compétences dans un large éventail de domaines : santé publique (on qualifie souvent Genève de « Capitale mondiale de la santé »), action humanitaire, droits de l’homme, commerce, paix, sécurité…
30 000 fonctionnaires internationaux travaillent dans les organisations et dans les Missions. La Suisse leur délivre un statut particulier pour leur permettre de s’acquitter de leurs tâches dans les meilleures conditions possibles. En comptabilisant également leur famille, on arrive à un total de 43 000 personnes qui bénéficient d’un statut particulier délivré par la Mission suisse. »
« La Genève internationale est le hub principal du multilatéralisme à l’œuvre dans toute une série de domaines comme par exemple les droits de l’homme, la science, la santé, le travail, le commerce, l’humanitaire, le désarmement et les Objectifs de développement durable. Ainsi les acteurs de la Genève internationale discutent et prennent des décisions qui s’appliquent également à des sphères qui ont des impacts sur nous tous et dans notre vie de tous les jours : il n’y a personne dans le monde qui ne soit pas impacté par une décision prise à Genève dans les 24 heures de sa journée ! Au niveau local, la dimension internationale fait partie intégrante de l’ADN genevois : aujourd’hui, les employés des organisations internationales, des missions permanentes et des ONG et leurs familles représentent l’équivalent du quart de la population de la Ville de Genève (environ 48 000 personnes). En plus, l’histoire de Genève et celle du développement du multilatéralisme moderne sont fortement liées. Depuis plus d’un siècle, l’écosystème de la Genève internationale a su s’adapter et s’ajuster à l’évolution de la politique internationale, mais aussi aux besoins des organisations internationales et des autres acteurs internationaux qui changent constamment. Sur le plan économique, l’importance de la Genève internationale est considérable car elle représente 11 % du PIB du canton de Genève. Vu cet impact important, le secteur privé a donc tout intérêt à s’engager davantage en faveur de la Genève internationale. Dans ce contexte, plusieurs entre – prises privées soutiennent la Genève internationale et quelques-unes sont membres du CAGI. Leur soutien est très apprécié et je salue leur engagement. Notre membre le plus récent est m3 GROUPE que je remercie de nous avoir rejoint.
Le CAGI est la porte d’entrée unique pour faciliter l’arrivée des employées et employés de la Genève internationale travaillant principalement au sein des organisations internationales, des missions permanentes et des ONG. Nous les aidons à s’établir et à s’intégrer à Genève. Nous sommes également présents pour répondre aux questions essentielles d’un nouvel arrivant : trou – ver un logement à Genève ou une aide pour apprendre le français. Autant d’interrogations qui peuvent aller de l’offre de loisirs disponible à Genève, jusqu’aux besoins de traductions, en passant par des conseils pour s’orienter à travers la ville. Mais également des questions telles que : comment trouver une crèche ou des écoles ? Quel est le jour de ramassage des poubelles en Suisse ? Comment fonctionnent les parkings ? Quid des zones bleues : quelle différence avec la zone blanche ? Genève est une ville bien plus complexe qu’il n’y paraît !
Aussi, pour répondre à une grande partie de ces interrogations et faciliter les premiers pas des internationaux à Genève, le CAGI a réalisé un ensemble de supports didactiques, sous forme de vidéos thématiques sous-titrées ou d’une brochure explicative sur la Genève pratique, qui sont consultables et téléchargeables sur le site internet du CAGI (www.cagi.ch).
Le CAGI promeut également une dimension de « vie associative » : à titre d’exemple, nous mettons en place des événements sociaux dans le but de rapprocher la rive gauche et la rive droite. Nous organisons également des excursions pour faire découvrir l’extérieur de la ville et la région. Notre but est de favoriser l’intégration par le biais d’évènements socioculturels, mais aussi à travers la culture et les traditions locales. Nous avons également mis en place une bourse « d’échanges linguistiques » : Genève bénéficie d’un grand brassage de nationalités qui amène une forte diversité linguistique. La demande est importante de la part de ceux qui désirent apprendre de nouvelles langues. Notre bourse regroupe actuellement 1500 membres pour 65 langues, et fonctionne sur le principe de l’échange et de la mise en relation de personnes complémentaires : un anglophone donnera une aide en anglais à une autre personne germanophone, et réciproquement.
Par ailleurs nous accompagnons les ONG internationales qui veulent ouvrir une représentation à Genève, mais soutenons également les Genevois et Genevoises qui veulent créer une ONG à vocation internationale. Nos interlocuteurs sont multiples : par exemple, une mission permanente qui cherche un bureau ou qui veut déménager et trouver des nouveaux locaux. Ça peut être aussi des ambassadeurs qui cherchent une résidence, ou encore des ONG qui souhaitent comprendre les mesures sanitaires concernant la COVID-19 pour les mettre en place.
Actuellement nous développons des formats de conférences hybrides, c’est-à-dire accessibles en présentiel, mais également en mode digital et retransmises sur plusieurs plateformes. Depuis le mois de mars de l’année passée, nous avons ainsi commencé à organiser nos conférences régulières en ligne sur des sujets variés touchant la vie quotidienne. Par exemple : le système de santé en Suisse, le système scolaire à Genève, ou encore la recherche d’un logement. La possibilité d’assister à ces conférences et de pouvoir les suivre sur notre plateforme permet aux nouveaux arrivants et aux futurs employés de la Genève internationale d’anticiper toutes les problématiques qu’ils pourraient rencontrer à leur arrivée à Genève. C’est justement dans la phase de préparation que notre aide peut être la plus efficace.
Notre vocation au CAGI est de favoriser l’accueil des internationaux, de faciliter leur intégration et leur établissement pour qu’ils se sentent chez eux. Des internationaux qui se sentent chez eux durant leur séjour chez nous seront probablement les meilleurs ambassadrices et ambassadeurs pour la Genève internationale après leur départ. »
« Genève a toujours été une place de dialogue. Elle est riche d’un écosystème impressionnant. Elle est donc idéalement positionnée pour accueillir des démarches multilatérales qui visent à faire converger les puissances de notre monde. Le GIEC nous l’explique depuis 1988. Notre mode de croissance et de développement économique basé sur les énergies fossiles n’est pas viable. Il crée depuis 70 ans la tension de nos écosystèmes naturels avec son corollaire d’incidences catastrophiques sur l’environnement, la biodiversité et les populations. Ces phénomènes concrets renforcent les disparités sociales et entraînent bien évidemment des conséquences considérables sur l’économie. Nous devons donc nous adapter, trouver des solutions rapidement et nous montrer solidaires. Sans l’effort des milieux de la finance rien n’est possible, mais les financiers à eux seuls ne pourront rien. Ce message commence désormais à être intégré. Il faut cependant accélérer le mouvement car le temps nous est désormais compté.
Sustainable finance Geneva (SFG) s’est créée en 2008 avec la conviction que la finance doit changer de perspective. Longtemps unique association sur la thématique, son objectif était de créer et d’animer un écosystème à Genève sur la finance durable. En 13 ans, l’association est passée d’un travail de niche à une très grande visibilité. L’initiative Building Bridges est notamment une des propositions concrètes de SFG à l’écosystème genevois et national. Cette conférence sur la finance durable est unique en son genre. Présidée par Patrick Odier, elle est portée par les autorités suisses (Confédération, Canton et Ville), les milieux financiers, les Nations Unies et organisations internationales basées à Genève, les organisations non gouvernementales et les milieux académiques. L’ambition commune à tous ces partenaires est d’accélérer le mouvement de la finance durable et de répondre ainsi aux défis sociaux et environnementaux de ce 21e siècle ».
« La réalité a changé depuis les Accords de Paris de 2015, et de manière accélérée. Des dégâts climatiques, environnementaux et sociaux ont été constatés, mesurés et communiqués : certaines grandes entreprises ont même fait faillite pour avoir sous-estimé ces risques. De plus, les développements de la technologie nous permettent désormais de mieux identifier la source des problèmes, de les quantifier et de trouver des solutions : des milliers de satellites mesurent en temps réel la température sur presque chaque hectare de la Planète ! Il y a cinq ou dix ans, ce n’était pas possible. Bien au-delà des débats politiques, la pensée durable doit mettre en œuvre des solutions communes pour canaliser au mieux les capitaux publics et privés vers une croissance durable, corrigée de ses effets néfastes, génératrice de prospérité pour le plus grand nombre tout en préservant le fragile équilibre de notre Planète. C’est un effort collectif, mais il revient aussi à chacun de s’interroger sur la façon dont il peut apporter sa contribution, par son mode de transport, de consommation, ses activités professionnelles, mais aussi par son épargne par exemple.
La prise de conscience s’accélère et la dynamique vers la neutralité carbone se renforce rapidement dans l’industrie, au sein des gouvernements et dans le monde de la finance. Nous devons aussi garder à l’esprit qu’il s’agit d’une transition qui ne peut pas se faire du jour au lendemain pour certains secteurs industriels et certaines Renforcer l’impact positif de la finance dans la transition durable entreprises. L’engagement envers la neutralité carbone atteint cependant un niveau sans précédent ; nous estimons que près de 80 % du PIB mondial est couvert par un objectif « net-zero », contre seulement 16 % il y a deux ans.
Il s’agit d’un bond impressionnant, et il faudra que ces engagements se transforment en actions concrètes et solides. Pour y parvenir, les entreprises devront associer judicieusement réductions d’émissions et compensation carbone crédible, notamment grâce à des solutions impliquant la nature. Pour être solides et fiables, les objectifs « net zero » devront impérativement reposer sur des objectifs fondés sur des données scientifiques. À l’heure actuelle, près de 1600 entreprises se sont engagées à fixer des objectifs scientifiques, contre moins de 50 en 2015.
Building Bridges veut renforcer l’impact positif de la finance dans la transition durable. Plus globalement, nous voulons faire de Building Bridges un contributeur déterminant dans l’établissement des priorités de l’agenda de la finance durable au plan mondial. L’édition 2021 est la prochaine étape dans la poursuite de cet objectif. Plus qu’un événement, Building Bridges est un mouvement, une communauté des acteurs participants à cette transformation et qui vise à accélérer l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Tirant parti de l’écosystème unique de la Suisse, Building Bridges réunira une diversité d’acteurs internationaux venant de la finance, des autorités gouvernementales, de l’ONU, des ONG et du monde universitaire, offrant ainsi l’ensemble des compétences en matière de finance durable et de mise en œuvre des ODD.
Genève, et plus largement, la Suisse, ont un rôle clé à jouer, car cet écosystème suisse et genevois n’existe nulle part ailleurs. Nous avons cette chance unique de réunir dans un même pays deux places financières internationales majeures, la Genève internationale, les ONG, des instituts de recherche de renommée mondiale et bien plus encore. »
« La Genève internationale, avec ses multiples acteurs, est d’abord un territoire où il est possible de travailler tous ensemble en s’affranchissant des frontières thématiques et nationales. Elle représente aussi un état d’esprit tourné délibérément vers l’inclusion et les solutions d’avenir. C’est également un lieu où se rencontrent toutes sortes de partenaires à une échelle mondiale : gouvernements, organisations internationales, organisations non gouvernementales, universités, instituts de recherche… C’est quelque chose de tout à fait unique. On peut ainsi trouver des solutions plus satisfaisantes, plus interdisciplinaires, aux défis mondiaux, en particulier pour ce qui concerne les Objectifs de développement durable. Ce cadre constitue aussi un moteur de l’innovation, dans la mesure où il favorise les flux d’idées et de savoir-faire entre diverses communautés. Le CERN, organisation scientifique, est également enrichi par ces échanges, qui sont l’occasion de développer de nouveaux partenariats pour faire comprendre l’impact positif de la connaissance scientifique et du développement technologique. La communauté du CERN représente quelque 17 000 personnes – scientifiques, ingénieurs, informaticiens, personnel administratif – venues du monde entier. En temps ordinaire, hors pandémie, le CERN accueille chaque année plus de 150 000 visiteurs pour des visites guidées de ses infrastructures, qui s’étendent de part et d’autre de la frontière franco-suisse. Toutes ces personnes, ainsi plongées dans l’esprit de la Genève internationale, vont ensuite contribuer à le diffuser à travers le monde. Nous organisons également un certain nombre d’expositions itinérantes, qui font voyager avec elles la Genève internationale. Nous construisons aussi le Portail de la science, un nouveau centre d’éducation et de communication grand public, qui nous permettra de doubler au moins le nombre de visiteurs sur nos sites. Nous travaillons étroitement avec d’autres centres et musées de Genève pour donner à nos visiteurs une expérience complète de la Genève internationale. »
« La Genève internationale est passionnante ! Ce sont, avant tout, près de 600 acteurs qui la composent : il y a les missions permanentes des 177 pays qui ont choisi d’être représentés, ainsi que 39 organisations internationales. Sans oublier les quelque 430 organisations non gouvernementales (ONG) – un nombre en croissance depuis plusieurs années – qui témoignent du dynamisme de la société civile et contribuent activement à la Genève internationale, tout comme les institutions académiques avec lesquelles de nombreuses collaborations ont lieu. Tous les secteurs de la coopération internationale sont couverts, du commerce au climat, de l’humanitaire à la santé et aux télécommunications.
Mais la Genève internationale, ce sont également des individus, locaux et internationaux, publics et privés, qui apportent leur engagement et leur expertise. Ensemble, tous ces acteurs partagent un objectif commun : ils œuvrent à la construction d’un monde plus juste, plus sûr et plus durable – et Genève peut être fière d’y contribuer.
On a parfois tendance à voir la Genève internationale comme une bulle, certes importante pour Genève, mais déconnectée de ses habitants et de ses préoccupations. En réalité, il s’agit d’une partie intégrante du territoire, de l’histoire et de l’identité des Genevoises et Genevois, en faveur de la coopération internationale. À la Direction des affaires internationales (DAI), nous avons la chance de pouvoir accompagner et faciliter le travail des acteurs qui font partie de cet écosystème. Notre rôle est en effet celui de mettre en œuvre la politique du canton en faveur de la Genève internationale et solidaire, et de faire le lien avec les nombreux services concernés. Concrètement, nous travaillons de manière très étroite avec le Département fédéral des affaires étrangères et la Ville de Genève pour offrir les meilleures conditions d’accueil possible. Ceci passe notamment par des services d’accueil et d’information, dont ceux offerts par le Centre d’accueil de la Genève internationale, auquel m3 s’est d’ailleurs récemment associé. Mais aussi par la mise à disposition de locaux adaptés aux besoins, via la FIPOI. Ces dernières années, un certain nombre d’organisations internationales ont entrepris de rénover leur siège, avec un investissement total dépassant les deux milliards de francs. Les autorités hôtes ont soutenu ces efforts en accordant des prêts et le quartier des Nations, qui dispose d’un patrimoine architectural remarquable, a considérablement muté.
Genève doit rester une ville accessible, raison pour laquelle nous facilitons la venue de délégués et soutenons les missions des pays les moins avancés, pour lesquelles le niveau des prix représente un frein à leur présence. Avec près de 100 projets financés chaque année, nous contribuons également, dans le cadre de la solidarité internationale, aux projets de coopération des ONG installées à Genève. Nous aidons également certaines d’entre elles à couvrir leur loyer après leur arrivée.
Finalement, j’aimerais mentionner le travail de mise en réseau et de communication qui est effectué, afin de favoriser les échanges de savoir, les interactions, mais aussi les débats et les informations sur la Genève internationale, notamment en soutenant le nouveau média dédié : Geneva Solutions. Nous animons aussi un site d’information sur la Genève internationale : geneve-int.ch.
Comme dans d’autres secteurs, la pandémie laissera certainement des traces dans le fonctionnement des organisations internationales. Nous nous tenons prêts à adapter nos instruments aux nouveaux besoins qui se dessinent. »
« La Genève internationale représente avant tout une part importante de notre histoire et de notre identité. Elle est à la base de la renommée et du rayonnement de notre canton, qui sont sans commune mesure avec sa taille. C’est une source de fierté et une chance que nous devons chérir, mais également entretenir, ce à quoi le Conseil d’État s’emploie avec détermination.
Robert de Traz le décrivait en 1929 dans son ouvrage du même nom: l’Esprit de Genève symbolise le dialogue, la paix et la démocratie. Cette définition est plus que jamais d’actualité. J’y ajouterai également les notions d’ouverture sur le monde et de solidarité, auxquelles notre canton est très attaché. Depuis son adoption il y a 20 ans, la loi cantonale sur la solidarité internationale a permis de financer plus de 2000 projets et de soutenir 342 associations à travers le monde. Il s’agit là d’une contribution importante et très concrète de notre canton en faveur de la coopération et du développement, ce dont nous pouvons être fiers.
La Genève internationale s’affirme donc comme un lieu de dialogue et de concertation unique au monde. Mais c’est aussi un lieu où des choix majeurs s’opèrent, avec des impacts très concrets. Dans un monde confronté à une multitude de défis complexes et urgents, il ne se passe pas un jour sans que des décisions clés soient prises à Genève et ce, dans tous les domaines : santé globale, changement climatique, droits de l’homme, transformation numérique et conflits armés notamment.
Depuis la fondation de la Croix-Rouge en 1863, la Genève internationale a également construit une longue tradition d’accueil d’organisations internationales et non gouvernementales, d’acteurs académiques, de la société civile et du secteur privé. En tant que siège européen des Nations Unies, Genève est le cœur opérationnel du système multilatéral et le centre le plus actif de la gouvernance mondiale : elle accueille chaque année plus de 3400 réunions, 182 000 délégués du monde entier et reçoit quelque 4800 visites de chefs d’État et de gouvernement, de ministres et autres dignitaires. Avec une telle concentration d’acteurs, la Genève internationale est le lieu idéal pour échanger des savoirfaire et des bonnes pratiques, et développer des idées pour améliorer la vie des gens. En tant que canton hôte, Genève s’engage à offrir aux acteurs internationaux des conditions-cadres optimales pour faire leur travail et relever les défis mondiaux actuels et futurs.
Concrètement la Genève internationale représente quelque 35 000 emplois directs, soit plus d’un emploi sur dix. À cela s’ajoutent plus de 20 000 emplois indirects et induits, issus de l’activité déployée par la multitude d’entreprises locales qui fonctionnent grâce à la présence des organisations de la Genève internationale. Il s’agit donc d’une part significative de l’économie de notre canton. Les retombées de la Genève internationale en termes d’image et d’attractivité de notre canton, que ce soit pour le tourisme d’affaires ou de loisir, sont également considérables, bien que plus difficiles à chiffrer. Nous avons récemment pu l’observer avec le sommet Biden-Poutine. Genève en tant que destination a bénéficié d’une publicité hors du commun, qui portera vraisemblablement ses fruits sur la durée.
Aujourd’hui il y a des défis immédiats liés à la situation sanitaire. Pendant la pandémie, beaucoup d’événements ont été repoussés, ou sont passés en mode virtuel. Mais de manière générale, les activités ont pu se poursuivre pendant la pandémie et les organisations internationales se sont adaptées aux outils de télétravail et de téléconférences. Les formats virtuels sont un levier intéressant pour la Genève internationale, mais ils ne remplacent pas la qualité et la nécessité de rencontres en présentiel. C’est bien en combinant ces différents formats que Genève pourra poursuivre son rôle de plateforme de rencontres, indispensable dans un monde fortement interdépendant où il est nécessaire de trouver des réponses efficaces aux défis globaux.
Enfin il convient de relever que la concurrence entre les villes candidates à l’accueil d’organisations internationales est vive. Nous savons que rien n’est jamais acquis et que Genève doit faire 1. Joëlle Kuntz, Genève, l’histoire d’une vocation internationale, Editions valoir et renforcer ses atouts pour conserver sa place de choix ».
« L’idée même de Genève Internationale fait partie intégrante de l’ADN de Genève Aéroport, qui a été fondé en 1920, presque en même temps que l’édification de la Société des Nations, – le précurseur de l’ONU –, qui a mis la première pierre aux fondations de ce rôle de Genève en tant que ville des institutions internationales. À l’époque, la Confédération et l’armée ont réalisé des études sur ce qu’il faudrait faire pour que le pays soit encore plus attractif: il est clairement ressorti que la création d’un aéroport était nécessaire. D’où cette naissance quasi concomitante avec la Société des Nations, et par conséquent la vocation internationale qui a pris forme.
Aujourd’hui 100 ans plus tard, l’aéroport accueille près de 5 000 arrivées protocolaires par an: c’est-à-dire autant de présidents, de ministres, de premiers ministres, d’ambassadeurs et de têtes couronnées qui passent à travers l’aéroport chaque année. C’est un nombre considérable, soit plus d’une douzaine de VIP internationaux par jour. Nous avons bien entendu un service dédié pour gérer leur passage, avec des salles et des espaces de rencontre pour toutes leurs arrivées et départs. En effet ces personnalités ne passent pas par les contrôles comme tous les passagers mais bénéficient d’un cheminement privilégié. Ils sont accompagnés directement à leur avion: et ceci est un service que Genève Aéroport leur offre, ce qui est loin d’être courant puisque les aéroports ont pour habitude de facturer ce genre de prestations aux gouvernements concernés. Voilà un exemple de plus qui montre que notre aéroport est résolument tourné vers l’international. »
« La Genève internationale symbolise une manière de voir le monde plus équitable, plus inclusive, qui couvre tous les domaines : politique, organisations internationales et société civile. C’est dans cet état d’esprit que le Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA) a été pensé : créer une institution internationale avec une gouvernance qui se positionne comme un moteur de renouvellement de la Genève internationale. Le GESDA est une initiative du Conseil fédéral, en partenariat avec le Canton et la ville de Genève. Dans un esprit de continuité de la Genève internationale, la Fondation vise à tirer parti de cet écosystème pour anticiper, accélérer et traduire en actions concrètes des thèmes émergents à vocation scientifique.
En effet le monde a changé, le multilatéralisme scientifique s’est développé, et certains pays comme la Norvège, Singapour ou l’Autriche sont entrés en concurrence avec Genève. C’est la raison pour laquelle le Conseil fédéral a voulu s’assurer que Genève maintienne une position de leader, c’est à dire proactive, anticipant et se positionnant pour l’avenir. Pour que la ville ne réitère pas ses erreurs passées, comme celle de laisser échapper l’invention du web au profit des sociétés de technologie de la Silicon Valley Inversement et malgré le rôle de plus en plus prépondérant de la science et de la technologie, la communauté scientifique mondiale n’est pas assez impliquée, en tant que partie prenante, dans l’élaboration des politiques internationales et de la diplomatie, qui ont tendance à se concentrer davantage sur le rôle des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises ainsi que des ONG. Dès lors une nouvelle diplomatie fondée sur la science doit participer à redéfinir les codes du multilatéralisme : c’est la mission du GESDA. Nous travaillons avec 4000 scientifiques du monde entier. Tous sont bénévoles et participent à cette aventure, car ils sont capables de voir les bénéfices que le GESDA peut apporter à la Suisse, et plus largement à toute la communauté scientifique. Notre rôle est donc d’analyser et de recenser tout ce qui se passe dans le monde scientifique : par exemple c’est la première fois qu’est établie une liste qui énumère toutes les innovations en cours dans tous les laboratoires du monde entier. Grâce à cela, nous essayons d’en anticiper l’impact dans les cinq à vingt-cinq prochaines années. Et c’est en confrontant les deux mondes : politique et scientifique, que nous pourrons appréhender les obstacles qui pourraient freiner ces avancées scientifiques. En somme notre vision est d’utiliser l’avenir pour construire le présent, en rassemblant différentes communautés afin d’anticiper conjointement les percées scientifiques et technologiques et, sur la base de celles-ci, développer des solutions inclusives et globales pour un avenir durable ».
« La cité de Calvin possède un tissu associatif très dense, des politiques très engagés issus de ce même milieu et qui s’attachent à défendre les droits humains de toutes et tous. Aujourd’hui, dans cette tradition de « terre de refuge », nous avons lancé un appel à la Confédération pour augmenter nos capacités d’accueil. Il faut également mentionner les relations que la Genève internationale entretient avec les Genevois.e.s : attirance et ignorance en même temps. Le sujet est complexe et nous amène à réfléchir à la manière dont on peut parvenir à faire se rejoindre ces deux visages de la ville. Le but avoué étant de les faire interagir, collaborer, travailler ensemble. En témoigne la tenue du sommet entre les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine qui a été à la fois un très grand honneur et un énorme défi en matière d’organisation et de sécurité. On manifeste à Genève un respect profond de la culture de l’autre, avec cette discrétion presque innée qui permet à l’hôte de se sentir à l’aise : nous sommes des facilitateurs discrets. Cela se ressent aussi dans l’ADN de la ville : Genève n’est pas une ville tapageuse. Cependant, elle doit continuer à faire ses preuves, car il existe une forte concurrence entre les pays qui sont prêts à accueillir des organisations internationales. Un de nos atouts majeurs est notre stabilité politique, qui renforce encore notre capacité d’accueil.
La Genève internationale rime aussi avec écologie et développement durable, notamment grâce à la présence du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui dépend de l’OMM (Organisation météorologique mondiale). Ce groupe d’experts est chargé d’analyser scientifiquement les changements climatiques et de mesurer leurs impacts environnementaux et socio-économiques. Les rapports du GIEC poussent à une transition climatique. En ce domaine, je considère que Genève a un rôle important à jouer en termes d’exemplarité, à l’instar de la réduction des gaz à effet de serre, avec un objectif de moins 60 % d’émissions d’ici à 2030.
Nous devons également modifier nos modes de production et de consommation. Mon projet en tant que Maire, c’est de donner un rôle plus participatif à la population : lui permettre d’être actrice de ce changement grâce à une prise de conscience qui se traduise par exemple par la réhabilitation d’un quartier. Cela crée souvent un effet boule de neige avec les autres quartiers et les communes voisines. Enfin, l’urgence climatique est aussi une urgence sociale : il y a des gens privés d’eau, de logements. Nous essayons donc de répondre à cette urgence-là, c’est-à-dire à ce besoin de relation et de concertation beaucoup plus étroite entre les habitants et leurs élus. »
« La Genève internationale est le meilleur atout de la politique étrangère de notre pays » : c’est un message que mes collègues et moi-même – en tant qu’ancien ambassadeur de Suisse – véhiculons toute notre carrière durant. C’est pourquoi nous avons un attachement bien particulier pour Genève, un lien presque émotionnel, avec ce je-ne–sais-quoi qui donne le sentiment de servir son pays et plus largement le monde. Avec le temps, Genève s’impose de plus en plus comme le centre de la gouvernance mondiale, le berceau mais aussi le terreau de la diplomatie multilatérale. Comme l’action en bourse d’une valeur sûre, son cours peut varier au fil des jours mais il sera à la hausse sur le long terme. Il faut donc y investir.
Complément indispensable à New-York, centre politique du système onusien, Genève, tel un bon vin du terroir, est un assemblage de compétences où s’entremêlent diplomatie, politique, économie et, de plus en plus, science et technologie. Mais pour que cette terre (d’accueil) fleurisse, nos autorités, tant fédérales que cantonales et communales, ont pour mission première de nourrir et de soigner ces multiples pôles de compétence qui confèrent à Genève ce caractère unique et exclusif en matière de coopération multilatérale.
Comme Suisses, nous avons certes des domaines de prédilection tels le droit humanitaire ou les droits de l’homme. Genève en est l’emblème et la garante, ce qui entraîne une forme de responsabilité morale pour nos autorités et même notre population. Mais nous devons en même temps devenir pionniers dans la promotion de solutions novatrices dans d’autres domaines tel celui de la santé où, avec la Health Valley, nous offrons un environnement et des sources d’inspiration particulièrement stimulantes. Le campus biotech en est un exemple. Et soyons également précurseurs sur des thématiques qui reviennent à l’avant-scène. L’initiative en cours de la GESDA, Geneva Science Diplomacy Anticipator, qui vient de tenir son premier sommet et où la diplomatie scientifique reprend tout son sens, en est un des meilleurs exemples1.
La politique de neutralité que la Suisse poursuit est également une des conditions-cadres pour que ces développements puissent avoir lieu dans un environnement harmonieux et impartial. Mais elle ne doit pas se limiter à un rôle d’hôte empressé et bienveillant. Activement, elle doit mettre les mains dans le cambouis, offrir ses bons offices ou proposer des solutions qui seront d’autant moins suspectes qu’elles viennent d’un État neutre.
Au-delà des principes et des thématiques, mais plus prosaïquement en termes d’infrastructures, de logistique et de services, Genève doit être une véritable « machine de guerre » pour entretenir, améliorer et promouvoir cette plateforme unique au monde de rencontres, d’échanges et de recherches de solutions. Elle l’a démontré de manière convaincante lors du récent sommet Biden Poutine.
Il est un point où l’on peut faire mieux dans cette politique d’accueil et d’action : la diplomatie suisse doit peut-être encore mieux embrasser les nouvelles techniques de communication digitale et de gestion des réseaux sociaux. Car à l’heure des fake news et autres tentatives de manipulation, il est impératif d’encore mieux traduire et transmettre les enjeux, défis mais aussi les réussites de la Genève internationale. Le web permet non seulement de toucher de nouveaux publics, notamment les sociétés civiles, de Suisse ou de l’étranger, mais aussi de les impliquer dans des processus de réflexion et de recherche de solutions. Quant au Club diplomatique de Genève, que j’ai l’honneur et le privilège de présider depuis 2016, il apporte sa modeste contribution à la promotion de la Genève internationale. Son objectif est de décloisonner les mondes qui se côtoient à Genève, de rassembler sur une même plateforme les différentes communautés – politique, économique ou académique – pour apprendre à se connaître, pour dialoguer, pour esquisser des collaborations et des projets. Cette mise en réseau est d’autant plus nécessaire qu’il reste encore de nombreux ponts à construire ou à consolider pour que la communauté internationale et la population de Genève se rencontrent, se comprennent et entreprennent ensemble.
« Ce sommet a constitué pour nous un véritable marathon télévisuel. Léman Bleu TV a été le seul média à diffuser sans interruption l’ensemble des temps forts de la rencontre, soit neuf heures quinze de direct. Il va sans dire que toute l’équipe avait bien mérité sa bière sur le rooftop du Cube, au PAV, où nos studios sont situés ! Un sommet exceptionnel à bien des égards pour nous : vingt personnes mobilisées autour du studio, trois satellites connectés pour la diffusion en direct des images, trois équipes mobiles déployées sur les points chauds de la rencontre – Villa La Grange, Hôtel Intercontinental et Pont du Mont-Blanc – et un plateau de choix. Pour Léman Bleu, un tel dispositif était jusque-là inédit. Les équipes ont relevé un défi immense et j’en suis très fier ! Les 15 et 16 juin 2021 ont marqué une étape importante de l’histoire de cette chaîne, dans la droite ligne de la haute ambition que Laurent Keller, directeur de la chaîne, a placée lors de son entrée en fonction il y a six ans.
Techniquement, l’opération s’est déroulée sans accroc, grâce aussi à l’exceptionnel plateau que nous avons réuni. Cela a créé un enthousiasme magnifique au sein de la chaîne. Le journaliste Xavier Colin, ancien chef du service étranger de la TSR très apprécié du public, a tout de suite accepté de nous accompagner sur l’événement, un grand honneur ! Évidemment, nous ne pouvions pas imaginer cette émission sans la présence de Daniel Warner, politologue émérite et spécialiste des États-Unis. Micheline Calmy-Rey, notre ancienne présidente et ministre des affaires étrangères, a su apporter un éclairage passionnant, elle qui a durant sa carrière été au cœur des grandes rencontres, tout comme l’ancien vice-chancelier Claude Bonnard, historien genevois implacable sur la grande comme la petite histoire. Car si un événement éminemment important s’est joué au niveau de l’Histoire – les États-Unis et la Russie ont renoué leurs contacts diplomatiques suite à cette rencontre – c’est aussi de Genève, dont le public avait envie que nous parlions et des conséquences plus prosaïques que ce sommet a eues sur la vie quotidienne, comme les perturbations de trafic. Nous avons toujours eu cela en tête durant le direct.
Si nous n’avons rien raté des images et des prises de parole des présidents, une interview exclusive aurait été la cerise sur le gâteau. Ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Avec quelques collègues, nous avons réservé une table aux Armures le mardi soir : la rumeur courait que Joe Biden allait s’y rendre pour une fondue. Il est finalement resté dans son hôtel ce soir-là. Essayé, pas pu. Manifestement, le public ne nous en a pas tenu rigueur, puisque 200 000 personnes nous ont suivis durant ces deux jours hors du commun qui ont replacé Genève au centre de l’échiquier politique mondial. Un sacré coup, alors que l’avenir de la Genève internationale semblait s’assombrir en raison de la pandémie et des profondes remises en question qu’elle a suscitées. Pour nous journalistes, il a été aussi intéressant de voir à quel point l’administration genevoise, qu’on moque parfois pour sa lourdeur et son côté procédurier, a fait preuve d’une souplesse et d’une efficacité inédite. Comme quoi, quand on veut, on peut… »
« La Genève internationale est indissociable de la recherche de la paix. Elle est cet espace, mi-physique, mi-moral, qui contribue à rendre possible l’effort humain pour faire primer la coopération sur la confrontation. La rencontre des esprits procède toujours d’une rencontre des personnes. Les conditions d’une telle rencontre sont forcément très importantes. La Genève internationale, c’est rassembler des gens, si possible dans des conditions positives, pour faire naître un certain esprit de « club » qui facilite la résolution de problèmes communs. C’est un phénomène bien connu aussi au sein de l’Union européenne : on pourrait dire d’ailleurs que c’est la base de la méthode Monnet. En sera-t-on surpris ? Historiquement, le premier président de la Commission européenne, Jean Monnet, avait auparavant été secrétaire général adjoint de la SDN à Genève, qu’il avait contribué à créer.
L’OMC fait partie intégrante de l’ADN géographique et physique de la Genève internationale: elle occupe aujourd’hui les locaux historiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT) fondée par le Traité de Versailles en 1919, dont on trouve une belle reproduction à l’entrée de notre organisation. Elle s’y inscrit à titre politique et moral : l’OMC a pour objectif la négociation d’accords commerciaux contribuant au développement durable, au plein-emploi et au relèvement des niveaux de vie. Le développement durable, cela veut dire conjuguer ensemble les piliers de la croissance économique, du progrès social et de la durabilité environnementale. Elle s’y inscrit de manière fonctionnelle : l’OMC appartient à un petit écosystème genevois du commerce et, plus largement, de l’économie internationale, où différentes organisations jouent des partitions complémentaires : la CNUCED discute des meilleures politiques de développement économique et commercial, le Centre du commerce international se concentre sur le soutien au secteur privé, en particulier les PME, l’OMC fournit le cadre de règles apportant stabilité et prédictibilité aux gouvernements et aux entreprises. Si on élargit au-delà du cercle strict du commerce, on trouve l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, dont les normes sont reconnues à l’OMC, l’Union internationale des télécommunications, si importante pour l’essor du commerce numérique, etc.
Face aux tensions géopolitiques et économiques, les règles de l’OMC jouent un rôle de « stabilisateur automatique » comme dirait un macro-économiste : elle a ainsi beaucoup contribué à garder sous contrôle, voire à prévenir, les logiques protectionnistes face aux récentes guerres commerciales et à la tentation du « nationalisme sanitaire » dans la lutte contre la pandémie de la COVID. Ce que l’organisation doit parvenir à faire pour l’avenir, c’est de renforcer ses propres règles pour réaliser une plus grande équité concurrentielle, dans l’agriculture, dans l’industrie, les services, et en élaborer de nouvelles pour garantir que les deux grandes transformations actuelles de l’économie se produisent de manière coopérative : la digitalisation et la décarbonisation qui sont les deux révolutions économiques en marche ».
« La Genève internationale incarne l’esprit de Genève, soit cette ouverture au monde qui fait de Genève « la plus grande des petites villes » ; terre d’accueil historique, Genève doit sa prospérité à la confiance témoignée par celles et ceux qui y ont trouvé un terreau neutre, stable et dynamique pour y déployer leurs activités. Cette « Genève internationale » désormais gravée dans notre ADN constitue la spécificité d’une ville dont le rayonnement international est inversement proportionnel à sa taille ; un « branding » unique que beaucoup nous envient et qu’il convient de préserver et de renforcer.
L’atout majeur de la Genève internationale tient précisément à la concentration sur un terreau restreint d’un spectre très large d’acteurs internationaux. Qu’il s’agisse de santé, de commerce international, d’environnement ou de droits l’Homme, Genève est le berceau et le bastion du multilatéralisme. Le rôle de cette capitale de la gouvernance mondiale qu’est Genève est plus indispensable que jamais, dans un monde complexe et troublé, où seule la coopération internationale permet d’apporter des réponses concrètes à des défis systémiques.
Comptant quelque 2500 entreprises membres, la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG) est une association de droit privé, fondée en 1865. Indépendante de l’Etat, elle a pour objectif d’assurer une économie forte, permettant aux entreprises qui constituent le tissu économique local d’exercer leur activité de manière pérenne. Son autonomie et sa représentativité en font le porte-parole de l’économie face aux autorités publiques. La CCIG se distingue également par sa dimension internationale puisqu’elle s’emploie à défendre et à promouvoir le tissu économique genevois depuis un siècle et demi. À ce titre, elle est activement engagée au sein du réseau constitué par la Chambre de commerce internationale (ICC), laquelle a récemment ouvert un bureau à Genève, au sein de la Maison de l’économie (siège de la CCIG) ; seule institution représentant le secteur économique privé à disposer d’un statut d’observateur auprès des Nations Unies, notre « maison-mère » fédère plus de 45 millions d’entreprises dans 110 pays. L’une de ces entités est la Fédération mondiale des chambres de commerce, et qui tiendra son congrès 2023 à Genève. Par ailleurs, la CCIG est active au sein d’institutions comme le Centre d’accueil de la Genève internationale, qu’elle soutient de longue date, le Club diplomatique ou encore le Groupement des entreprises multinationales ».
« Genève a été, depuis toujours, à la croisée des routes, un lieu d’échanges, de commerce et de rencontres. Genève s’est construite comme symbole de paix, de dialogue et de démocratie. De plus elle a accueilli les opprimés depuis la Réforme, faisant de l’ouverture au monde sa bannière. Enfin les Conventions de Genève signées en 1949 ont été et sont les piliers du droit humanitaire international. Les générations futures devraient toujours garder à l’esprit ces valeurs qui ont fait ce qu’est Genève aujourd’hui et ce qui en fait un lieu si exceptionnel et unique dans le monde ; s’en inspirer, les transmettre et surtout en être les garantes.
Dans cet esprit le Cercle international de la Fondation pour Genève a pour mission de faciliter l’intégration des diplomates, des membres de la direction générale des multinationales et de leurs conjoints, dans la vie de notre région et dans la société locale. Il permet à ceux-ci de lier des liens professionnels et personnels avec les représentants des milieux économiques, financiers, industriels et culturels, ainsi qu’avec les personnes qui contribuent au rayonnement international de Genève et de la Suisse. Liens qui perdurent souvent après le départ de nos visiteurs étrangers et contribuent à l’image de la Suisse, tout en pouvant générer de futures collaborations, créant ainsi un véritable réseau à travers le monde. Le Cercle international met en avant ce qui fait l’excellence de la Suisse, contribue à faire connaître et découvrir ce qui fait notre histoire, notre identité et notre patrimoine. Le Cercle organise, depuis plus de 20 ans, environ 200 rencontres par an ; rencontres multilingues articulées autour d’entretiens, de conférences, de débats, de visites d’entreprises ou de demeures historiques et de sorties festives ou culturelles. Chacune de ces rencontres est suivie ou précédée de moments d’échanges dans une atmosphère décontractée, chaleureuse et ouverte sur le monde. La plupart de nos rencontres ont lieu dans des demeures privées ou dans des lieux d’exception. Le Cercle est animé par une soixantaine d’organisateurs bénévoles, exerçant tous des activités professionnelles dans de multiples domaines, mais offrant de leur temps et ouvrant leur maison dans le but de contribuer au rayonnement de Genève et de la Suisse, curieux de découvrir d’autres horizons et d’autres cultures, au travers des échanges avec nos invités ».
« Depuis toujours, l’esprit de Genève est profondément ancré dans notre cité. Cela dit, la question est pertinente car on assiste peu à peu à sa détérioration ; cette ville ouverte, pleine de grands esprits et source d’inspiration dans le monde depuis des décennies, semble malheureusement se refermer sur elle-même. Certains de ses représentants portent des messages clivants, oubliant l’importance de cet esprit qui fait sa grandeur à l’international. Plus que jamais, les jeunes Genevois et Genevoises doivent s’en faire l’écho pour être des agents d’une évolution ouverte sur le monde et progressiste. Afin de rendre compte de cet esprit de Genève et de donner une image de ville ouverte sur le monde, nous travaillons depuis près d’une année sur un ouvrage en collaboration avec les éditions Assouline: « Geneva at the heart of the World » retrace l’histoire de notre ville en mettant en avant sa richesse et sa diversité à travers les institutions qu’elle accueille, les lieux symboliques qui la représentent et les événements qui s’y déroulent toute l’année ; le tout en faisant la part belle au foisonnement culturel sans oublier bien sûr, la Genève internationale.
GVA2 est née de l’attachement de ses membres fondateurs pour notre ville. Au départ, nous étions un groupe d’amis qui se retrouvait autour d’un dîner pour mieux comprendre les sujets sur lesquels nous étions amenés à nous prononcer, avec la volonté de créer du lien entre les divers cercles genevois. Nous nous sommes rapidement pris au jeu en soutenant telle initiative ou en récoltant des fonds pour de petits projets avec parfois de grands effets. À ce jour, nous avons organisé une quarantaine d’événements sur des sujets tels que « Les grands chantiers de la culture », « Le sport en Ville de Genève », « La RFFA » ou encore « Le recyclage des déchets » et bien d’autres, avec des intervenants de tous bords. À l’issue de ceux-ci, nous mettons en lumière des actions précises que chacun peut entreprendre à son niveau afin d’être vecteur de progrès. Sans être une entité donatrice, nous avons mené ou apporté notre soutien à une douzaine de projets. En 2019, la Fondation pour Genève nous a invité à devenir membre de son réseau ; c’est pour nous une magnifique reconnaissance de nos efforts et de notre utilité».
« Au regard d’une situation géopolitique dégradée, il eut été simple de tirer à boulets rouges sur le multilatéralisme. Trop simple peut-être. Quoique imparfaite et résolument perfectible, cette organisation des relations interétatiques demeure la voie privilégiée pour tenter de résoudre des problématiques inhérentes à un contexte international particulièrement délicat. Et ce depuis le XVe siècle, où des penseurs comme Georges Podiebrad, roi de Bohême, ou, deux siècles plus tard, le Français Émeric Crucé, ont posé les jalons d’une union des nations pouvant aboutir à une paix durable. Du moins tel était le postulat de départ. Ainsi, les premières négociations multilatérales ayant vocation à esquisser les contours d’un nouvel équilibre européen se déroulèrent dans les villes de Münster et d’Osnabrück, afin de mettre un terme à la guerre de Trente Ans. Un événement à marquer d’une pierre blanche qui va ensuite faire office de « canon » en termes de multilatéralisme. Un modèle à suivre, certes précaire, mais qui aboutira quelques siècles plus tard à une « mise à jour » du concept même des relations internationales avec la fondation et l’émergence de la Société des Nations (SDN), au sortir de la Première Guerre mondiale – établie en 1919 par le Traité de Versailles – qui jetait les bases d’un multilatéralisme moderne. Certes, la SDN ne pouvait se targuer d’être un modèle d’équilibre et de mansuétude – son universalité et le sort réservé aux vaincus étant sujet à caution – mais elle avait le mérite de la modernité et de rebattre les cartes dans un monde encore traumatisé par un conflit armé d’ampleur internationale qui a laissé de nombreuses nations à genoux.
En outre, pour en revenir aux prémices de la création de la Société des Nations, il convient de rappeler le rôle prépondérant joué par la Suisse et par Genève dans la démocratisation de ces nouvelles pratiques internationales. Mise sur orbite dès 1919 comme susmentionné, la SDN va véritablement voir le jour en tant qu’institution l’année suivante, en 1920. D’abord basée à Londres, la Société des Nations va en effet prendre ses quartiers, au mois de novembre de cette année-là, à Genève, afin d’y tenir sa première Assemblée générale. La SDN va ainsi, durant vingt ans, « gérer les affaires courantes » mais ne brillera malheureusement jamais par son universalité et sera rapidement viciée par les dérives de pouvoir du système. Conséquence : sa crédibilité s’en retrouvera altérée que ce soit auprès de l’opinion publique ou des gouvernements. Mais certaines personnalités publiques suisses ont œuvré, à cette époque, tant bien que mal, à la prise en considération du multilatéralisme, permettant ainsi à la Suisse de jouer sa partition dans le concert des nations. Citons pêle-mêle le Grison Felix Calonder, le Genevois Gustave Ador ou encore le Tessinois Giuseppe Motta. Ces derniers vont, dès lors, redéfinir les contours de la sacro-sainte neutralité suisse, défendre la place de Genève comme siège de la Société des Nations et de l’Organisation internationale du Travail (OIT), et, surtout, réussir à intégrer leur pays au sein du nouveau système multilatéral. Une feuille de route particulièrement fournie et ils bénéficieront, dans leur tâche, du concours d’experts, en particulier le juriste Max Huber et le professeur William Rappard. Signe de sa singularité plus que de sa fameuse et légendaire neutralité, la Suisse est le seul État qui adhère à la Société des Nations après une votation populaire en 1920. Modus operandi qui sera reconduit en 2002 pour son adhésion aux Nations Unies.
Ayant vocation à « promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité », il semble simple de dire, de prime abord, que la SDN a failli à sa mission première avec l’éclatement, vingt ans plus tard, de la Seconde Guerre mondiale. Et de facto, signer le premier échec retentissant du multilatéralisme moderne. Mais l’entre-deux-guerres ne fut pas, pour autant, un exemple d’immobilisme, loin s’en faut. La Société des Nations a su faire montre, durant ce laps de temps, d’une certaine vitalité en matière de réponses apportées aux défis sociaux, économiques et humanitaires. Elle a su, avec une certaine maestria, trouver des solutions pérennes face au défi de la crise des réfugiés russes ou encore face à la banqueroute de l’Autriche. Deux problématiques d’envergure auxquelles les experts de la SDN ont su apporter des réponses et des solutions originales. Au-delà de ces deux exemples répondant à une urgence ponctuelle, l’ancêtre de l’ONU, comme il est de coutume de le désigner, a également joué un rôle non négligeable dans la mise en place d’une réflexion nouvelle autour de la protection de la jeunesse. Mais la Société des Nations s’est également évertuée à favoriser la mobilisation des femmes autour d’enjeux politiques, civils et sociaux. Tout cela pour dire qu’il serait réducteur de considérer la Société des Nations comme un échec total eu égard à toutes les avancées susmentionnées et à sa contribution non négligeable à certains sujets de société encore sur le devant de la scène aujourd’hui, comme l’urgence climatique.
Néanmoins, se servir des erreurs du passé pour éclairer l’avenir peut constituer un élément moteur susceptible d’offrir un second souffle aux relations internationales. Dès lors, sur de nouveaux fondements, l’Organisation des Nations Unies (ONU) reprendra le postulat de la Société des Nations en y adjoignant des mécanismes renforcés, au premier rang desquels les organisations non gouvernementales (ONG). Soit, par extension, un processus permettant à la société civile de s’infiltrer dans les relations multilatérales. Et ce, parfois, alors que l’essence même de ces organisations est de défendre une certaine forme d’indépendance et d’autonomie par rapport aux États, mais également par rapport aux organes officiels comme l’ONU. L’histoire même du multilatéralisme peut s’entremêler avec l’histoire des organisations internationales. Quid, dès lors, de l’évolution du positionnement de la Suisse et de son concours au multilatéralisme post Seconde Guerre mondiale ? Si l’Organisation a, cette fois, pris ses quartiers outre-Atlantique – même si le siège européen des Nations Unies demeure à Genève à partir de 1946, parvenant à maintenir le statut de la Genève internationale – la Suisse ne participe pas, cette fois, au nouvel ordre multilatéral qui se met en place dès 1945. En cause : son attentisme durant le conflit qui lui est reproché par les deux futurs protagonistes de la Guerre froide qui suivra, à savoir l’URSS et les États-Unis. Prise en tenaille par ces deux puissances, la Suisse s’enlise dans un isolement diplomatique au sein duquel elle éprouve toutes les peines du monde à convaincre ses contempteurs du bien-fondé de sa neutralité. Toutefois, ces griefs n’auront pas d’effets à long terme sur l’attractivité de Genève puisque de nombreuses organisations viendront s’y installer tandis que d’autres, comme l’Organisation internationale du Travail, continuent d’y prospérer. Pour rappel, deux tiers des activités du système de l’ONU s’accomplissent aujourd’hui à Genève, faisant de la ville une véritable plaque tournante de coopération internationale et de négociation multilatérale.
En conclusion, si le multilatéralisme est un concept loin d’être idéal, l’histoire des cent années écoulées ayant vu l’émergence de la Société des Nations et, dans son sillage, la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) prouve que la paix « envisagée comme une réglementation des rapports internationaux » est redevable, à bien des égards, au multilatéralisme. Fût-il imparfait ».
*Sous la codirection de Bernard Lescaze, voir l’ouvrage récemment publié aux éditions Suzanne Hurter: 100 ans de multilatéralisme à Genève. De la SdN à l’ONU.
« La Genève internationale peut être, à mon sens, assimilée à un véritable écosystème composé de nombreux acteurs référents dans leur domaine. Que ce soit dans le commerce, la santé, la paix, le développement durable ou encore l’humanitaire. Et que toutes ces personnes ou entités soient regroupées dans la même ville permet d’échanger avec d’autant plus de facilité et, de fait, de trouver des solutions aux problèmes connexes à plusieurs secteurs. Je suis d’ailleurs intimement convaincu que les solutions face aux problèmes complexes de ce monde résident dans la création de passerelles entre les différents secteurs susmentionnés. À ce titre, Genève peut être considérée comme une plaque tournante de ce dialogue intersectoriel qui ne peut être que bénéfique pour tout le monde. Ainsi, Genève fait office d’interface unique non seulement en termes d’apprentissage et de connectivité, mais aussi d’influence sur les différents secteurs et organisations ayant une carte à jouer dans les pays en situation de conflit.
Dans ce contexte, Interpeace est une organisation internationale qui œuvre au renforcement de la résilience et qui milite pour une restauration durable de la paix au sein de pays touchés par un conflit. Je mets ici en avant le terme durable à dessein car très souvent ( 60 % du temps ) les accords de paix pilotés et négociés à l’extérieur des pays concernés échouent au bout de cinq ans. Une proportion qui grimpe à 80 % au bout de 10 ans. Or, pour qu’un accord de paix puisse être véritablement considéré comme durable, il doit trouver son essence et sa raison d’être sur la terre même où s’est noué le conflit. Il faut, à ce titre, que les populations de ces pays, bien que divisées, soient les acteurs de leur propre destin et de leur futur. C’est ce postulat qui rend la paix durable et qui fait la force et la spécificité d’Interpeace. Nous nous considérons comme une organisation entièrement dédiée à ce que des pays durement touchés par un conflit de quelque nature que ce soit puissent jouir du droit à disposer d’eux-mêmes et tracer leur sillon vers une paix durable. Sans ingérence extérieure. Ainsi nous avons contribué à la stabilisation du Timor oriental, à l’aplanissement des tensions entre le nord et le sud de la Somalie, et encore par exemple à appuyer une paix durable, notre raison d’être, après le génocide. Nous avons accompagné les Rwandais dans la mise en œuvre du processus de réconciliation. Plus méconnu médiatiquement, il faut citer notre contribution non négligeable au processus de paix en Colombie où nous avons participé activement à la réforme de la police au sortir de la guerre civile. Nous agissons, de manière très différente au regard des spécificités de chacun, au sein d’une vingtaine de pays. Que ce soit de façon directe ou indirecte avec plusieurs partenaires que nous recrutons sur place. C’est d’ailleurs ce qui fait notre force. Nous ne travaillons qu’avec des locaux.
Avant de bâtir la paix, il faut bâtir la confiance. Les faiseurs de paix sont des gens dotés d’une grande intégrité : c’est la qualité requise et une condition sine qua non pour construire la confiance qui, elle-même, pourra tracer la voie à un processus de paix. Nous cherchons donc des personnalités éminemment respectées par leurs concitoyens et, cela a également son importance, d’une grande humilité. Elles doivent savoir mettre leur ego de côté pour faciliter un processus de paix où tout le monde doit trouver sa place. Car le pire ennemi d’un processus de paix, c’est l’ego. Ceux qui viennent chercher la lumière ou le pouvoir peuvent littéralement faire capoter les discussions. Nous voulons des gens qui travaillent dans l’ombre, en coulisses, et qui savent s’effacer au moment idoine, quitte à laisser les locaux eux-mêmes récolter tout le mérite. Ils pourront ainsi dire que ce sont eux qui ont réussi et cela va créer des précédents très importants dans le cadre d’autres processus. Cela fait partie du triptyque de qualités requises pour travailler au sein d’Interpeace : humilité, intégrité et surtout intelligence émotionnelle ».
« Personnalités célèbres, dignitaires et conférences de paix, tous font partie de l’histoire et du patrimoine d’InterContinental Genève. Pour l’anecdote, 265 chefs d’État et plus de 3000 ministres et ambassadeurs ont séjourné à l’hôtel. Par conséquent, l’hôtel contribue à la grande histoire, à travers ses installations et ses services, en facilitant les discussions, entretiens et sommets confidentiels ou non officiels. Les dignitaires avaient l’habitude de dire que les décisions importantes ou les étapes importantes des conférences internationales de 1980 avaient eu lieu dans les coulisses de l’hôtel plutôt qu’aux Nations Unies elles-mêmes. L’équipe dresse le tapis rouge selon la préférence de la personnalité et se souvient de chaque séjour, ainsi que des boissons et collations préférées pour chaque individu. Certains, très reconnus, préfèrent venir à l’improviste et porter leurs propres bagages tandis que d’autres préfèrent avoir une intimité absolue et traverser le hall par eux-mêmes : nous verrouillons l’ascenseur pour eux afin qu’ils n’interagissent avec personne, personnel ou clients, pendant leur transfert. Pour la petite anecdote, lors du sommet Reagan-Gorbatchev en 1985, l’équipe de maintenance de l’hôtel avait sculpté un oiseau de paix blanc (colombe) à placer dans l’espace de réunion : celui-ci a été conservé dans notre entrepôt jusqu’en 2011 lorsque l’hôtel a commencé sa rénovation. »
« Il y a plus de 100 ans, la Croix-Rouge et la Société des Nations ouvraient la voie à la vocation humanitaire et internationale de Genève, s’appuyant sur la tradition de la ville à rapprocher les communautés, à connecter les nations et à fournir un espace neutre pour la libre expression des idées et actions. Un siècle plus tard, la capitale mondiale de la paix est devenue un centre international d’interactions politiques, universitaires et économiques, à travers un écosystème dynamique de représentations gouvernementales, d’initiatives multipartites et d’organisations internationales et non gouvernementales. Cet écosystème a permis la création de politiques et de partenariats pour le désarmement, la santé mondiale et la lutte contre la prolifération des mines terrestres et contre le changement climatique. De par la nature horizontale des engagements aux défis mondiaux, il est donc naturel que la gouvernance numérique figure aussi en tête de l’agenda de Genève.
Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à une multiplication d’initiatives à Genève sur la gouvernance numérique, telles qu’Internet Society, les Geneva Digital Talks ou encore la Swiss Digital Initiative. Au-delà de ces initiatives centrées sur le numérique, un effort important d’acteurs genevois « historiques » de la société civile et des organisations intergouvernementales a été mis en œuvre pour traiter d’autres aspects de l’espace virtuel tels que le droit humanitaire dans le cyberespace, la santé numérique, les normes Internet, etc. Cela démontre le profil engagé et fort de Genève, mais aussi son potentiel à être plus qu’une plaque tournante internationale de l’échange et de la négociation, et à devenir un incubateur de solutions innovantes pour parvenir à une paix numérique.
C’est sur cette toile de fond que le CyberPeace Institute, une organisation non gouvernementale (ONG) neutre et indépendante, a été créé à Genève en novembre 2019. Nous reconnaissons que la gouvernance numérique est un domaine multidisciplinaire et complexe avec des acteurs d’horizons divers dans des domaines d’intervention très distincts, mais pour le CyberPeace Institute, il est essentiel de garder au centre des actions la protection des personnes. Notre mission est donc de garantir les droits des personnes à la sécurité, à la dignité et à l’équité dans le cyberespace, dans un contexte de menaces croissantes de cyberattaques sophistiquées contre les populations et communautés vulnérables.
L’Institut travaille en étroite collaboration avec les acteurs de la Genève internationale et au-delà pour réduire les dommages causés par les cyberattaques sur la vie des gens dans le monde entier, et leur fournir une assistance. En analysant les cyberattaques, nous mettons en évidence leur impact sociétal ainsi que la manière dont les lois et les normes internationales sont violées, et promouvons des comportements responsables pour faire respecter la paix dans le cyberespace. Parmi les activités que nous menons pour atteindre la paix numérique, nous aidons les ONG qui fournissent des services essentiels en renforçant leurs compétences et en leur offrant un soutien en matière de cybersécurité par le biais notamment du programme CyberPeace Builders. Il s’agit du premier réseau mondial de volontaires en cybersécurité qui œuvre à protéger les ONG à vocation humanitaire grâce à une assistance gratuite et au plus près du terrain. Nous sommes d’ailleurs fiers d’avoir gagné pour ce programme le Prix de l’innovation en sécurité internationale 2021 du Geneva Center for Security Policy.
Dans un contexte difficile de pandémie globale, les cyberattaques se sont particulièrement multipliées dans le secteur de la santé. Protéger ce secteur est donc une de nos priorités, pour laquelle nous avons lancé en 2020 un programme dédié : le Cyber4healthcare (cyber4healthcare.org). Ce programme inclut notamment une toute nouvelle plateforme unique au monde, lancée en octobre 2021 : le Cyber Incident Tracer #Health (cit. cyberpeaceinstitute.org). Cette plateforme, en ligne et en accès libre, analyse les cyberattaques qui mettent en péril le secteur de la santé par leurs impacts sur les patients, les professionnels et établissements de santé. Elle montre l’ampleur du problème et l’impact de ces attaques sur les personnes et la délivrance des soins de santé. En facilitant l’accès à des données fiables et en encourageant le signalement et une plus grande transparence sur les cyberattaques, le CyberPeace Institute espère que des mesures plus appropriées pour réduire ces attaques seront prises par tous les acteurs concernés, gouvernements, secteur privé, professionnels de santé. Ce projet a d’ailleurs été sélectionné par le Paris Peace Forum 2021, parmi les projets innovants pour une meilleure gouvernance face aux enjeux complexes de cette époque. Seulement deux ans après notre création, nous sommes reconnus à Genève et à l’international pour notre approche singulière et innovante, ainsi que pour la qualité de nos analyses techniques et sociétales des cyberattaques et de l’assistance aux victimes de ces attaques. L’Institut est constitué d’une équipe d’une grande diversité qui prône l’équité et partage l’ambition commune d’une réponse centrée sur l’humain à un des plus grands défis de notre époque. Notre souhait est de voir cette ambition partagée par le plus grand nombre ».
© Yves Rossier
« L’esprit de Genève existe pour autant que nous veillions à l’entretenir : c’est celui du dialogue, de la paix et de la démocratie. Il y a plus d’un siècle, les États créaient à Genève la Société des Nations. Aujourd’hui, Genève abrite le second siège de l’ONU, de nombreuses organisations internationales et ONG, sans compter le Comité international de la Croix-Rouge. 177 pays ont ouvert à Genève une représentation diplomatique. On y vient pour débattre, négocier et trouver des accords. On y examine les problèmes de notre temps, des droits humains au commerce mondial, tous les thèmes qui touchent la vie des gens de cette Planète y sont traités. L’esprit de Genève existe bel et bien, et Genève nous donne tellement, que l’on se doit de lui redonner un peu, notamment en assurant un rôle de transmission et d’éducation. Nous devons mieux faire connaître les missions et le fonctionnement de cette coopération internationale, d’échanger avec celles et ceux qui s’y engagent, de rendre accessible ce monde international qui traite de l’avenir du monde et de ses habitants. Faire vivre l’esprit de Genève est le devoir de chacun. Nous pouvons tous y contribuer par notre engagement, par les valeurs que nous défendons et par notre volonté de les transmettre.
Eduki a pour mission de contribuer à la formation des jeunes en matière de coopération internationale. Elle vise ainsi à conforter la vocation internationale de la Suisse et contribue à tisser un lien durable entre les organisations internationales et les jeunes. Une petite équipe très performante assure des prestations dans ce domaine, par le biais de dossiers pédagogiques, de visites, de rencontres et de débats avec des acteurs de la Genève internationale, ainsi que des collaborations dans le cadre d’options complémentaires dans les collèges genevois. Le réseau d’Eduki s’étend sur toute la Suisse, grâce notamment au Concours national organisé tous les deux ans avec l’appui de l’ONU et qui récompense les meilleures œuvres artistiques, productions vidéo et actions concrètes produites par les élèves, en lien avec les objectifs du développement durable. L’édition 2021-2022 s’intitule « Je passe en mode durable. Penser global, et agir local ». Même si la crise sanitaire a freiné certaines actions, Eduki a su conserver le lien avec les milieux éducatifs et adapter ses prestations. Pour Eduki, la formation des jeunes aux problématiques de la coopération internationale passe aussi par des démarches dont les jeunes sont les acteurs, à l’exemple de l’activité intitulée « Jeunes reporters à l’ONU ». Il faut également mentionner la Bourse Françoise Demole: Tous les deux ans, un soutien allant jusqu’à 10’000 francs est attribué à un projet exemplaire présenté au concours Eduki. Il devra, en outre, intégrer une relation étroite avec un acteur de la coopération internationale engagé sur la thématique du concours et basé en Suisse ».
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