Chronique d’Anne SOUTHAM AULAS, directrice de m3 HOSPITALITY
Genève, le commerce et les foires du XVe siècle
L’intérêt d’un emplacement géographique tel que celui de Genève, au centre de l’Europe, n’a échappé à aucun de ses Seigneurs et Bourgeois et ce depuis 1262, date probable d’une première véritable foire dans la cité. Au XVe siècle, le commerce s’est considérablement développé et la Cité de Calvin est devenue l’un des plus importants lieux d’échanges en Europe. Les voyageurs arrivent à pied, à cheval ou en voiture, descendent dans de modestes auberges au sommet de la colline ou dans les petites rues qui descendent vers le lac. La Grue d’Or est en bas de la Cité, les Trois Rois au-dessus du passage Bel-Air de l’époque, puis dès 1605 le Rouge Coq ouvre rue de la Fontaine.
La Suisse entre dans le « Grand Tour »
Voyage de formation entrepris par les jeunes aristocrates européens dès la seconde moitié du XVIIe siècle, le Grand Tour vise à compléter les connaissances théoriques acquises par des observations in situ. La France, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie font partie du périple. Pour relier le Rhône au Rhin on passe souvent par Genève. Il faut cependant attendre le XVIIIe siècle pour que Genève fasse complètement partie du Grand Tour ; la science est au goût du jour – l’Encyclopédie est éditée dès 1751 – les travaux d’Horace-Bénédict de Saussure (1787) intéressent, et Voltaire à lui seul est devenu un but de voyage !
Au Rouge Coq.
« Genève accueille depuis plus de six siècles des visiteurs venus des quatre coins du monde. Ses établissements hôteliers se sont adaptés aux époques, aux mœurs, aux modes et à la demande générée par le commerce, auquel est venu s’ajouter la haute diplomatie internationale. »
Les hôtels se trouvent alors dans la zone Bel-Air – rue du Rhône, où sont concentrées les entreprises de messagerie et de roulage. L’Auberge de Sécheron (aussi appelée Hôtel d’Angleterre, rue de Lausanne) est fréquentée par la haute société, et notamment Chateaubriand, Byron, Mme de Staël et Benjamin Constant.
Les grands hôtels du XIXe
À la fin du XIXe siècle, Genève a bien évolué. Le site, embelli par les élégants quais imaginés par James Fazy et Guillaume-Henri Dufour, attire des voyageurs haut de gamme qui occupent dès 1834 le splendide Hôtel des Bergues, qu’aucun autre établissement genevois de l’époque ne peut concurrencer. Dernier des grands hôtels construits sur la rade au XIXe siècle après le Métropole, l’Hôtel de la Paix, l’Hôtel de Russie (démoli en 1968), le Beau-Rivage, l’Hôtel d’Angleterre et le Richemond, l’Hôtel National, situé rive droite, est inauguré en 1875. On ne sait pas encore que ce site deviendra bientôt le centre du monde…
Le tournant de 1919
En 1919, la Société des Nations s’intéresse à Genève pour s’y installer. L’Hôtel National, fermé au même moment pour cause de rénovation, attire l’attention de Sir Eric Drummond, secrétaire général de la Société des Nations, pour y établir ses premiers quartiers. En concurrence avec Bruxelles, Genève et l’Hôtel National sont finalement choisis et la cité propulsée « en quelque sorte au rang de capitale du monde », comme l’écrit la Tribune de Genève le 30 avril 1919. Genève accueille depuis plus de six siècles des visiteurs venus des quatre coins du monde. Ses établissements hôteliers se sont adaptés aux époques, aux mœurs, aux modes et à la demande générée par le commerce, auquel est venu s’ajouter la haute diplomatie internationale. Genève n’a en somme jamais cessé de rayonner, d’entreprendre et d’innover, comme une réponse qui serait à la hauteur de ses paysages sublimes.
Sources: Geneve-en-zigzag.ch, salons-dufour. ch, geneve.ch, Dictionnaire historique de la Suisse, Confédération suisse, encycloge.org, ETH Zürich, e-periodica.ch, Bibliothèque municipale de Genève, doc. rero.ch, notrehistoire.ch, le Magazine de Proantic, Tribune de Genève.