Devenue le lieu névralgique de la maison, la cuisine évolue elle aussi dorénavant au gré des modes, des collections, et le garde-manger tel une garde-robe se fait régulièrement une nouvelle beauté. Les cuisines immaculées n’ont plus vraiment la cote, la gamme chromatique va spontanément vers les anthracites, faux noirs et bleus profonds ou, a contrario, ose les teintes poudrées et délicates telles le rose porcelaine ou le vert céladon, douces et apaisantes comme celles d’un bouquet, ne sommes-nous pas déjà au printemps ? Ouverte sur le salon, la cuisine opère maintenant un repli pour encore plus d’intimité et on note le succès continu des verrières qui, depuis 10 ans, ne se dément pas. Ce châssis transparent est un compromis de génie qui délimite les espaces tout en les gardant visuellement en contact, sans parler de son effet atelier, charmant.
Les cuisines en 2019 présentent des rangements divers et multiples, ouverts et fermés, pour les plus design sans poignées : une simple pression donne accès à leur contenu. Fini le temps où l’on allait chercher son faitout au fond du placard, maintenant muni de tiroirs coulissants, souvent grand format, ils viennent à nous avec toute la batterie de casseroles dont nous avons besoin. Chaque année les cuisinistes déploient des trésors d’ingéniosité pour trouver les rangements les plus fonctionnels et attrayants, spécifiquement dédiés aux bouteilles, aux couverts et ustensiles divers, à l’épicerie, jusqu’aux gamelles du chien escamotables. Sur le même principe, l’îlot central, sorte d’imposant tableau de bord toujours demandé par la clientèle, sait maintenant se dédoubler d’une table ou du moins d’un élément rectiligne pour prendre ses repas. S’escamotant parfois facilement, cette astuce tech-nique permet de jouer sur l’espace dédié et de tenir compagnie au chef pendant ses compositions culinaires.
Cette année les cuisines « stylées » portent du bois, du chêne clair de préférence qui habille le sol et les portes de meubles, parement vertical et horizontal à l’aspect brut que l’on sait marier en contraste avec des matériaux tout aussi authentiques tels le béton, le métal ou l’ardoise, histoire de lui donner du caractère et du relief.
Si les nouveaux couverts sont des outils pour manger aux formes revisitées, tels la fourche, la pince, la cuillère-fourchette, déclinées en métal découpé au laser, céramique émaillée ou laquée, c’est pour mieux la mixer avec une vaisselle en contraste, match des effets : épuré, éthique, Art Déco, graphique, bois. La vaisselle quant à elle juste-ment, elle s’expose, on a retrouvé les vaisseliers des cuisines d’antan, rajeunis, repeints, ils permettent d’exhiber verres et assiettes joliment disposés dans une cuisine pourtant résolument moderne, un nouveau mix & match réussi. De même, une touche plus personnelle souvent vintage vient personnaliser la pièce : un tapis, une petite bibliothèque, un tableau ancien, repères familiaux la rendant unique et chaleureuse au-delà de toute modernité.
Notre XXIe siècle sera écologique ou ne sera pas, du moins pas longtemps… Partout dans la maison et y compris dans la cuisine, on tente d’appliquer au mieux les préceptes verts : lumière à basse consommation, appareils les moins énergivores possible. Les lave-vaisselles tournent avec un volume d’eau minimal et le four à bois connaît un regain d’intérêt, l’espace poubelle est quant à lui forcément sélectif. La technologie permet de surcroît d’avoir une cuisine connectée et, de son téléphone portable, de tout programmer et commander à distance : préchauffer le four, connaître le contenu du réfrigérateur, mettre en symbiose les différents appareils pour son retour à la maison.
Enfin il faut évoquer le goût constant des consommateurs pour des engins culinaires de professionnels : cuisinière high-tech, robots polyvalents : extracteur de jus, multi-cuiseur intelligent, cave à vins design… Bref un matériel de compétition pour des champions comme à la télévision ! La cuisine 3.0 est décidément en pleine mutation.
Antre de l’intimité, longtemps lieu d’exercice de toutes les féminités, la salle de bains est devenue véritablement mixte et se partage aujourd’hui plus équitablement. Les doubles vasques sont maintenant courantes et dans les grands espaces, la douche à l’italienne de Monsieur côtoie la baignoire XL de Madame. La première nouvelle inspiration de l’année, pour ce lieu où l’on passe de plus en plus de temps, est son graphisme, la volonté d’en prononcer les lignes. Le noir va permettre la manœuvre et sur un fond neutre en suivant contours, bordures, démarcations, dessiner des formes géométriques stylisées. Résolument moderne, la salle de bains apparaît épurée voire agrandie, tandis que les lignes noires font saillir ses reliefs. Le mariage du blanc et du noir est ainsi plus que jamais tendance et perpétue une forme de classicisme dont le goût et l’allure ne se démentent pas.
Bicolore ou pas, ce boudoir nouvelle génération se rap-proche de la chambre à coucher pour parfois fusionner avec elle. Là encore les châssis en verre sont des atouts majeurs pour faire de la salle de bains, son annexe volontairement exposée. À ce jeu de transparence que confère la verrière, on peut lui préférer la dissimulation et derrière une très haute tête de lit telle un paravent, découvrir l’intégralité de la salle d’eau joliment agencée, les deux pièces ne faisant qu’une.
En 2019 le bois, là aussi, y fait son apparition de plus en plus : parois, cloisons, étagères, il se montre chaleureux et oppose à la blancheur souvent environnante sa nature vivante surtout lorsqu’il est agrémenté de quelques hautes plantes dont les branches de paniers ethniques surgissent. Les matières brutes également confirment leur entrée : mur de pierre, carrelage en relief, surfaces texturées. Les contrastes de matières sont recherchés et parfois audacieux, le goût du mix and match se revendique ici encore. Mise en scène de la pièce avec dans le rôle principal la baignoire : voilà ce qui plaît également. Qu’elle soit traditionnelle, délicieusement rétro avec des pieds en pattes de lion ou serres d’aigle ; ultramoderne : cuve circulaire ou oblongue au confort aussi spacieux qu’ergonomique, c’est la diva du lieu et elle va prendre ses aises comme trôner au centre de la pièce en îlot. Tous les autres éléments du lieu devenant alors secondaires et accessoires.
De nombreuses technologies trouvent leur destination dans la salle de bains comme dans la cuisine, les éléments n’y sont plus commandés mais réactifs aux gestes des utilisateurs. L’eau coule en passant la main sous le robinet, la lumière s’allume en entrant dans la pièce, la chaleur est par-faite car demandée précisément à l’avance via la domotique de la maison. Une fois dans la baignoire, grâce à son système de sonorisation on peut alors se détendre en écoutant David Bowie ou l’adagio de la symphonie n° 4 de Mahler… Ainsi dans les nouvelles salles de bains, le temps de l’hygiène est dépassé, est venu celui de la relaxation et du bien-être. Esthétiques et sensorielles, ces nouvelles conceptions font décidément des merveilles.